22 avril 2024
Ce matin je me suis réveillé avec une question fondamentale dans la tête. Quelle est la différence entre le futur et l’avenir ? Vous allez me dire que pour un lundi, il y a peut-être d’autres problèmes plus immédiats à résoudre mais une fois que ce genre de pensée s’impose, impossible de l‘ignorer. Je suis donc allé chercher la réponse là où elle est irréfragable : à l’Académie française. Et c’est ainsi que les immortels en ligne m’ont appris que le mot « avenir désigne une époque que connaîtront ceux qui vivent aujourd’hui, alors que futur renvoie à un temps plus lointain, qui appartiendra aux générations qui nous suivront ». Et d’ajouter, parce que ce n’est pas l’Académie française pour rien, que l’utilisation de futur pour avenir est un anglicisme à proscrire. Non mais ! Ce point essentiel éclairci, je vous dois la raison pour laquelle je me suis ainsi essoré le cerveau au petit-déjeuner. Parce que je suis tombé sur une tribune signée de deux éminentes personnalités dans un média de référence appelant à doter l’Union européenne d’un « représentant institutionnel dévolu à l’avenir ». Quand je vois un titre comme ça, je lis. Obligé. Dans les brumes du premier café, j’ai cru comprendre que cette très longue contribution suggérait fortement que l’on nomme un commissaire européen représentant les intérêts des générations futures (celles d’après l’avenir donc) pour leur donner une perspective à long terme dans cette « ère de polycrise » qui est celle que nous vivons. Il m’aurait fallu deux ou trois cafés de plus et peut-être même d’autres substances énergisantes pour prendre la mesure de cette proposition. Mais je me suis simplement dit que je souhaitais bon courage au gars ou à la fille qui hériterait de ce poste, s’il venait à être créé. Parce que depuis le départ à la retraite de la pythie de Delphes, personne n’est vraiment arrivé à maîtriser l’avenir et encore moins le futur. Dans notre société qui passe son temps à inventer des technologies qui enterrent celles qui promettaient un monde meilleur quelques mois auparavant, je crains que le futur commissaire européen n’ait pas vraiment d’avenir. Enfin, faut voir.