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Vertige de l’avenir

10 avril 2025

Vous savez déjà ce que vous allez faire cet été ? Vos réservations sont déjà bouclées, payées, enregistrées ? Ou alors vous êtes comme moi et vous attendez le dernier moment ? Je ne vous questionne pas ainsi parce que j’attends avec impatience les prochaines vacances, c’est juste que je viens de terminer ma première semaine de boulot de l’année et forcément je suis crevé. Par conséquent j’essaye de me projeter sur les congés. Implacable logique, je vous remercie de le remarquer. Le problème est précisément que je suis incapable de me projeter. Les visions à long terme de mon propre futur sont totalement floues. Lorsque je dirigeais un média largement financé par la publicité, les équipes commerciales me demandaient constamment quels dossiers, quels événements allions-nous programmer pour les mois à venir. C’était une véritable torture mentale pour leur répondre, car je suis fondamentalement un improvisateur. Voire, je vous en ai déjà fait part, un génie de l’idée trop tardive pour être mise en œuvre. Comment savoir ce que sera la situation – quelle qu’elle soit, comme disait Raymond Devos – dans six mois ? Serai-je même encore là ? Ce flot de sentiments interrogatifs s’est déversé hier soir quand, rentrant de l’événement que j’ai eu le plaisir d’animer – et qui s’est fort bien déroulé, merci — j’ai trouvé une enveloppe dans laquelle se trouvait ma nouvelle carte de presse. Elle ressemble aux précédentes si ce n’est qu’il n’y a pas de mention de l’année et que le numéro est précédé de la lettre « h » pour honoraire. Quant à la validité, elle est de 6 ans, ce qui explique que le courrier accompagnant le document me recommande gentiment de ne pas oublier de renouveler ma demande en 2031. Vous comprendrez mon désarroi face à une échéance aussi lointaine. Je préfère ne pas vous donner d’aperçu du puits sans fond de mes interrogations sur ce que je serai à cette date dont la seule évocation me donne le vertige. Ne voyez pourtant pas dans cette attitude le signe d’un profond pessimisme ou d’une coupable imprévoyance. Tout au contraire, c’est la preuve d’une sagesse infinie autant que d’une grande lucidité. Vous remarquerez sans doute l’immense modestie dont je fais preuve en m’exprimant ainsi. C’est simple, on dirait un président de la première puissance de la planète justifier un revirement lamentable dans une politique qui ne l’est pas moins en prétendant que c’est un coup de génie. Et c’est moi qui suis imprévoyant.