Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Temps épatants

26 mai 2025

Ben dis donc, je ne suis pas en avance ce matin ! Il faut dire que j’ai passé un week-end très agréable mais un peu fatigant. Nous avons reçu quelques amis et forcément, cela raccourcit assez sensiblement les nuits. Mais ce n’est pas la vraie raison du délai du jour. Non, c’est que je subis un décalage horaire domestique. C’est un phénomène très rare que l’on peut identifier dans certaines maisons traversées par un fuseau horaire. Umberto Eco en a fait un roman dans L’île du jour d’avant et il me semble que l’on retrouve cette particularité dans le Méridien de Greenwich de Jean Echenoz. La curiosité de ma situation est que nulle ligne de partage du temps ne traverse mon modeste domicile. Si ce n’est celle entre le salon et les autres parties de la maison. Or sur le buffet de cette pièce, trône depuis quelque temps une superbe horloge. Il s’agit plus précisément d’une pendule qui nous est arrivée par héritage. Cependant, son balancier était détaché lorsque nous l’avons récupérée et après quelques recherches, nous avons fini par trouver un artisan en mesure de raccrocher la pièce maîtresse de cette complication. L’homme est avenant, sa boutique est un délicieux capharnaüm à l’image de sa conversation qui part dans tous les sens. C’est donc avec confiance que nous lui avons laissé notre bel et très lourd objet. Et nous avions raison puisque longtemps après la date prévue et non sans avoir payé le prix – élevé – qu’il nous avait fixé, nous avons pu le réinstaller à la place que nous lui avions destinée. Dans le salon donc où se fait entendre un délicat tic-tac (pour mes plus jeunes lecteurs, il s’agit du bruit du mécanisme horloger et non d’un nouveau réseau social nord-coréen). Ce rythme implacable est ponctué toutes les heures d’un beau carillon. Il est discret et mélodieux. Mais décalé d’une heure. Ainsi, lorsque mon morne regard matinal se porte sur les chiffres 9 :00 de l’afficheur numérique du four, j’entends huit coups sonner dans la pièce adjacente. Ce qui n’est pas sans perturber mon horloge interne qui est déjà suffisamment déréglée comme ça. Au moins puis-je me rassurer en me disant que je suis de mon temps, contrairement à d’autres. Ainsi, malgré ces distorsions temporelles – et espérons-le, temporaires -, j’ai réussi à entendre le bulletin d’info et ainsi apprendre que le président des États-Unis d’Amérique avait traité de fou son homologue russe qu’il admire tant. Ce n’est pas trop tôt.