Oui d’accord, je vous ai laissés tomber. Pas de quoi être fier mais une fois le mal fait, il faut assumer. Lundi matin, alors que le jour pointait, j’ai décidé du fond de mon lit de ne pas me lever, de ne pas écouter la radio et par conséquent, de ne pas vous écrire. J’avais pourtant une idée, mais elle s’était envolée avec ma volonté. Et puis, pour une fois le chantier du voisinage était en sourdine et par miracle les maniaques du souffleur de feuilles mortes l’étaient tout autant. Toutes choses qui conspiraient à se laisser aller à prolonger la matinée allongée. Une pause bienvenue dans une vie plus trépidante qu’il n’y paraît. Car oui, en ce jour de débat sur la suspension de la réforme de la retraite, il est temps de lever le voile sur cette situation si enviée par les actifs. À un ami qui me demandait récemment à quoi j’occupais mes journées, j’expliquais qu’elles étaient beaucoup plus remplies que ce que je n’avais supposé mais que j’avais du mal à expliquer comment. Certes, mes matinées sont consacrées à l’écriture et mes débuts de soirée à la musique. Mais entre les deux, les heures filent sans que je puisse détailler comment je les remplis. Il est vrai que l’emploi du temps est nettement plus variable et varié qu’il ne l’était lorsque j’étais actif. Et pourtant mon métier me plaisait car il laissait justement une grande part à l’imprévisibilité des journées. Mais ce n’est rien à côté de mon actuel quotidien. Aucune complainte ni regret dans ce constat, tout au contraire, mais il est vrai que je n’avais pas anticipé cette situation. Il y a quelques jours j’étais invité à un after work organisé par un jeune et dynamique média du secteur de la pub. J’avais répondu positivement et pourtant je ne m’y suis pas rendu. Non en raison d’une prise de conscience aussi soudaine que tardive de la contradiction entre mon état oisif et le thème de cette soirée, mais précisément parce que je n’avais pas achevé mon programme du jour à l’heure de ces festivités. Le paradoxe est que je m’y serais probablement rendu si j’avais été encore un salarié surmené. C’est la réflexion que je me suis faite en recevant ce matin le mail de remerciement de l’organisateur qui ne s’est visiblement pas aperçu de mon absence. N’ayant pas eu l’occasion de m’en excuser, je profite de ce texte au cas où, par extraordinaire, il en serait l’un des lecteurs. Promis, l’année prochaine, je serai mieux organisé. La retraite, à un moment ou à un autre, ça se prend. Et ça s’apprend. Tout le temps.

Written by
Frédéric Roy
Ancien directeur de la rédaction de CB News disposant de beaucoup de temps après avoir longtemps couru derrière. J'écris tous les jours pour mon plaisir et, autant que possible, pour le vôtre.