Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Tant d’impatience

J’ai mis un peu de temps à digérer cette info, raison pour laquelle je n’en parle que ce matin alors que j’ai dû l’entendre avant-hier. Ce n’est pas que je ne l’ai pas comprise, juste qu’il m’a fallu plus de temps que d’habitude pour en mesurer la dimension. Or donc, selon un reportage entendu à la radio, une tendance forte se dégage chez les jeunes Z consistant à consommer les vidéos sur YouTube à vitesse accélérée. On appelle ça sans surprise ni imagination, le speed watching et l’idée consiste à consommer plus de contenus en un temps donné. Les personnes interrogées expliquaient ainsi pouvoir s’enfiler des saisons entières de séries en une soirée sans se coucher trop tard car demain il y a cours. Or justement, cette pratique s’étend également aux podcasts ainsi qu’à l’apprentissage de manière générale. Fascinant. Et naturellement questionnant puisqu’on se demande illico si la mémoire fonctionne aussi bien quand on lui injecte du savoir sous pression. Sur ce sujet, les scientifiques ont l’air d’être partagés. Autant lire ou écouter à grande vitesse ne semble pas poser de problèmes de compréhension, autant cette urgence ne garantit absolument pas que le cerveau stocke ce savoir très efficacement. Et voilà pourquoi cette histoire me trotte dans la tête. Non que je sois tenté par l’expérience. Mon rythme de vie ne m’impose pas de gagner du temps en consommant quelque contenu culturel que ce soit. Je suis plutôt du genre à tellement savourer un roman que lorsque j’arrive à la fin après des semaines de lecture, il faut que je relise le début pour me le remettre en mémoire et raccrocher les wagons. Quant aux vidéos, qu’elles soient diffusées par la télévision ou par une plateforme, j’ai plutôt tendance à leur couper le sifflet bien avant la fin pour passer à autre chose. Certes, j’aimerais beaucoup améliorer ma dextérité à la guitare mais mes doigts s’y opposent et s’emmêlent dans les cordes dès que j’accélère un peu trop. Car je ne suis pas ennemi de la vitesse. C’est même mon petit vice lorsque je conduis un véhicule, travers de boomer contre lequel je lutte, sans toujours beaucoup de succès. De même je ne suis malheureusement pas adepte de la slow food, ayant tendance à engouffrer toujours trop vite le contenu de mon assiette. N’empêche que nos élus qui traînent tant en palabres et débats stériles seraient peut-être bien inspirés de jeter un coup d’œil sur cette mode véloce. Après tout ils sont si nombreux à se voir dans la course en 2027. Ah oui, mais là, ce n’est pas de vitesse dont il est question. Juste d’impatience.