Impossible de retrouver cette vidéo. Elle avait été postée sur TikTok et mettait en scène une jeune femme qui se moquait de LinkedIn. Mais je l’ai vue sur Instagram. Ça à l’air d’un mauvais gag mais c’est vrai. C’était une critique assez drôle des contenus obstinément positifs que l’on trouve en masse sur le réseau où vous lisez ces lignes. Cette manie consistant à présenter ses échecs présents comme la promesse de futurs triomphes est en effet assez lassante pour ne pas dire suspecte. Tout comme le sont les torrents de bienveillance qui dégoulinent de certains commentaires. Et si cela tranche avec la dureté des autres canaux sociaux, trop de douceur parfois écœure. Mais au-delà de ces considérations vaseuses, je me suis demandé si je devais me mettre dans le même sac car le fait est que les Daily Texts mettent souvent en lumière mes échecs. Certes, ces revers ne sont jamais présentés comme les ingrédients essentiels de réussites futures, mais il n’en demeure pas moins que les victoires me semblent plus rares que les défaites. C’est pourquoi, pour contrer cette lamentable tendance, j’ai décidé ce matin de vous conter une histoire édifiante. Elle commence il y a quelques jours alors que les travaux de rénovation de notre domicile touchaient enfin à leur fin. L’occasion de changer quelques vieilles poignées de porte qui juraient avec le décor. Et c’est ainsi que nous nous sommes rendus hier dans une grande surface de bricolage connue pour vendre tout ce qu’il faut, outils et matériaux. Et le modèle de poignée double poire que nous recherchions. Victoire ? Pas si simple. Car dès le déballage, un combat furieux s’engagea pour détacher la chose vicieusement vissée sur son support. Mais ce n’était que la première manche car l’objet ne voulait pas non plus se laisser monter. Dès lors un combat d’une intensité rare s’engagea. Déployant toute ma faible force musculaire, utilisant les outils les plus exotiques, je finis enfin par triompher et à installer de quoi ouvrir la porte de la cuisine. Mais j’avoue avoir eu une faiblesse durant cet affrontement. Au comble de l’énervement, proche de la colère pure, l’idée me traversa que cette poignée récalcitrante avait dû être fabriquée par quelque manufacture douteuse aux confins de l’Orient, expliquant ainsi sa malfaçon. Une bouffée de xénophobie manufacturière que j’explique par ma rage à faire rentrer ce foutu bidule dans le truc mais aussi par l’hystérie qui entoure l’ouverture du corner d’une boutique en ligne chinoise au sein d’un grand magasin parisien. Bien qu’aveuglé par l’enjeu de ma lutte féroce contre la chose, je n’en vérifiais pas moins sa provenance. France. Ce machin mal foutu a donc été usiné dans notre beau pays, preuve que nous n’avons rien à envier à l’étranger. Ce n’est pas une conclusion positive ça ?

Written by
Frédéric Roy
Ancien directeur de la rédaction de CB News disposant de beaucoup de temps après avoir longtemps couru derrière. J'écris tous les jours pour mon plaisir et, autant que possible, pour le vôtre.