24 avril 2024
Je crois sans me vanter (moi ? Jamais !) que je peux me qualifier d’agnostique. C’est-à-dire – j’ai vérifié sur Wikipédia – que j’adopte une « attitude philosophique consistant à aborder de façon sceptique les questions de métaphysiques ou de religion ». Dit comme ça, ça fout un peu la pétoche mais ça ne fait pas mal. Au contraire. J’en veux pour preuve ma journée d’hier qui a commencé en pénétrant dans les superbes bâtiments de la faculté de la Sorbonne. N’eussé-je point été agnostique que j’aurais pu croire à un retour mystique en des lieux que j’ai fréquentés en des temps reculés. Oui, bon en Français commun, j’ai été inscrit au siècle dernier à la fac Panthéon Sorbonne. Mais, premièrement la plupart de mes cours étaient prodigués dans les cubes empilés de Tolbiac. Et deuxièmement (et surtout), je ne venais que très rarement, aussi bien à Tolbiac qu’à la Sorbonne. Autant dire que mon émerveillement d’hier était surtout dû à la beauté des lieux et à l’intérêt des propos qui y étaient tenus. Car je n’étais pas là pour visiter mon passé mais pour écouter un très intéressant et riche colloque organisé par l’Udecam et l’ACPM sur les rapports entre la presse, la publicité et la démocratie. Vaste et beau sujet qui a nourri débats et interventions de personnalités aussi prestigieuses que pertinentes. Bref un petit bonheur. Ce qui ne m’a pas empêché de reprendre mes habitudes anciennes et de regarder au plafond et à l’entour pour m’ébaubir sur les moulures, dorures et enluminures de cet amphithéâtre. Et pourtant, si l’unique Charlotte Bricard qui animait ces échanges avec son habituel talent m’avait appelé sur l’estrade, je serais venu sans trembler raconter l’aventure de CB News pendant le Grand Confinement lorsque, prenant les annonceurs au mot quand ils proclamaient qu’il fallait continuer à investir dans les médias en ces temps incertains, nous leur avions dit « Chiche ». Ce qui nous avait permis d’être certainement le seul journal au monde (oui parfaitement) à réaliser en mai 2020 un chiffre d’affaires publicitaire trois fois plus important que celui du même mois un an auparavant. La preuve que la pub sert et sauve l’information pour peu que les médias soient créatifs. La preuve aussi qu’on peut avoir été un étudiant fantomatique et revenir sans honte sur les lieux de son inaction.
