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Queue de peloton

Un nouveau petit pas vers la modernité. Non je ne suis pas en train d’écrire les premières pages du Petit livre des chaussettes rouges mais il est vrai que j’ai une certaine nostalgie de ces maximes qui étaient affichées en énormes sur les monuments et les murs des villes communistes. Leur absurdité était censée masquer la violence du régime mais il faut reconnaître que ces tyrans avaient un certain sens de la formule, ce que l’on ne peut dire de leurs émules actuels. Quoi qu’il en soit, si je fais ce petit détour douteux par le passé, c’est précisément pour me projeter dans l’avenir. Il faut bien, c’est le meilleur moyen de ne pas – trop – vieillir. C’est un peu comme dans un peloton cycliste, au début tu es dans le groupe de tête et puis petit à petit tu recules jusqu’au moment où tu te retrouves tout seul. Je n’ai jamais fait de courses de vélo mais je m’imagine parfaitement dans cette situation. Mes courses, je les fais dans un magasin mais pour la première fois hier, je suis passé par le drive. Je n’attends pas vos applaudissements, même polis, puisque je me doute qu’une bonne partie d’entre vous s’approvisionne ainsi depuis longtemps. C’est certainement plus pratique mais j’aime les rayons, les linéaires et les caissières de mon supermarché. Et puis j’ai tout mon temps. Mais voilà que pris d’une de ces impulsions qui ne me lâcheront jamais, j’ai acheté sur un coup de tête une manette de jeu vidéo, « la seule que tu n’as pas encore », a remarqué avec justesse ma femme. Celle dont j’avais surtout besoin pour un nouveau jeu. Un truc basique que je trouve en quelques clics sur le site de mon enseigne de distribution habituelle. Je passe donc commande et suis informé quelques heures plus tard de la disponibilité de la chose. Et me voilà sur l’emplacement numéro 3, installé sur ma petite moto électrique et entouré d’imposants SUV attendant hayon grand ouvert que l’on y engouffre quantité de produits. Lesquels arrivent sur de gros chariots encombrés de dizaines de sacs pleins à craquer. Mon tour vient enfin et je vois arriver le préposé un peu désorienté par ma commande qui tient dans la main. Il me la présente cependant dans le gros sac standard que je m’empresse de lui rendre à son grand soulagement. Fin de l’expérience, guère passionnante mais couronnée de succès. Pas sûr que je la réédite mais cela me permet de cocher une case sur la liste des choses à faire pour éviter le décrochage. Elle est encore longue : je ne suis pas abonné à Netflix, je ne fais pas de vélo électrique, je n’écoute pas Aya Nakamura ni Théodora, je ne joue pas au padel et j’en passe. Mais j’ai un compte TikTok. Dont j’ai perdu le code. Encore un effort camarade.