11 juin 2025
Ça va ? Vous allez bien ? Je vous pose la question parce que je me soucie de votre bien-être. Vous connaissez ma bienveillance que je ne qualifierais pas de légendaire car cela voudrait dire qu’elle n’est pas réelle. Je m’inquiète aussi parce qu’en allumant la radio ce matin, j’ai entendu une élue verte de rage lancer d’un air ironique, « bonne semaine à tous vos auditeurs », sous-entendant ainsi assez lourdement que cela se présentait mal. N’ayant perçu que cette apostrophe, je ne sais pas exactement à quoi cette personne faisait allusion, mais je peux supposer qu’elle attribuait la responsabilité de cette sombre prophétie sur le pouvoir en place. Nonobstant ces considérations politiques qui ont plutôt tendance à m’horripiler, j’ai décidé de prendre son souhait au pied de la lettre. La semaine a en effet bien commencé par une journée que je classerais comme étant à haute intensité culturelle (HIC) dans ma nomenclature personnelle. Tout cela pour dire qu’entre midi et minuit, je suis allé au cinéma avant d’assister à un concert, ce qui témoigne d’une activité intellectuelle aussi rare qu’intense. Il me fallait bien un tel traitement de choc pour me remettre du paresseux lundi de Pentecôte déjà évoqué ici. L’emploi du mot choc n’est pas exagéré. Il faut en effet se représenter l’ambiance d’un immense multiplexe situé au sein d’un centre commercial non moins gigantesque un mardi en début d’après-midi. Habituellement l’endroit est aussi accueillant qu’un aérogare assombri par le black-out en temps de guerre. Les immenses couloirs sont à peine éclairés de bleu, le trajet vers les salles est indiqué par des flèches projetées sur les murs et pour les rejoindre, il faut emprunter des coursives métalliques qui ne demandent qu’à vous perdre. Ce n’est ni très gai, ni très accueillant et cela devient carrément flippant un jour de semaine. Mais c’est le prix à payer pour profiter d’une séance privée ou presque. Un privilège que dénoncerait certainement la responsable politique énervée de ce matin. Toutefois, il fallait bien cela pour suivre le scénario du dernier Wes Anderson. C’est beau, c’est drôle mais je peux affirmer sans crainte d’être démenti que la moitié de l’audience d’hier, c’est-à-dire ma petite cellule familiale, n’a globalement rien saisi des subtilités de cette histoire. Tout le contraire de la soirée passée dans un ancien théâtre à l’italienne surchauffé par le blues rock sans concession d’une boule d’énergie blonde venue de Kansas City nommée Samantha Fish. Rien à comprendre. Juste un plaisir pur et simple à ressentir dans son corps pour finir une journée qui dément les sombres prédictions des amateurs de malheur. Vivement demain.