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Plaidoirie de rêve

3 mars 2025

Quel métier imaginiez-vous de faire quand vous étiez ados ? En ce qui me concerne, je suis sûr qu’un certain nombre d’entre vous connaît la réponse quand d’autres la devinent. Pilote de Formule 1 évidemment. La petite musique du réalisme se faisait pourtant déjà entendre en sourdine et même si je faisais mine de l’ignorer, je savais au fond de moi qu’il n’y avait aucune chance que cela se réalise. Le trop grand dadais parisien, pseudo intello plutôt désargenté et sans grande énergie se doutait bien qu’il ne glisserait jamais sa carcasse dans un cockpit. Alors quoi ? Journaliste. L’autre moyen d’être au plus proche de ma passion. Pour cela, il fallait bosser en classe ce que je m’abstenais soigneusement de faire, préférant améliorer mes performances au flipper ainsi qu’il me semble déjà vous l’avoir conté. Cependant, il se trouve que les hasards de la vie ont fait de ce rêve une réalité. Je ne suis certes pas spécialisé dans le sport auto, mais je n’en conçois aucun regret tant ce métier m’a comblé et le fera aussi longtemps que je pourrai l’exercer. Telles étaient mes brumeuses réflexions ce matin devant mon café en repensant au déjeuner de la veille et à la réponse de l’une de mes petites-cousines quand il lui fut demandé quel métier elle voudrait faire lorsqu’elle serait plus grande. Question banale – voire stupide – d’adulte à laquelle elle répondit « avocate fiscaliste » avec autant d’aplomb dans la voix que de malice dans ses yeux rieurs. Ce qui me laissa interdit un instant. Puis, sans se démonter, elle expliqua alors à l’assistance ébahie qu’elle pourra ainsi gagner beaucoup d’argent ce qui lui permettra d’assouvir son ultime ambition, devenir actrice. Je n’ai naturellement pas la moindre idée des chances que ses projets se réalisent mais je le lui souhaite profondément. Je salue avant tout son sens pratique autant que celui de l’anticipation qui me semble être celui de sa génération, quelle que soit la lettre grecque dont on l’affuble. Les enfants de ce siècle me semblent plus lucides que ceux du mien. Plus calculateur aussi. Je peux affirmer sans me tromper que j’ignorais à son âge l’existence du métier d’avocat fiscaliste et que si l’on me l’avait décrit, je me serais probablement endormi avant la fin de la première phrase. Le plus drôle, ou le pire, c’est que mes études de droit auraient pu m’y mener si je les avais achevés. Parce que du haut de la certitude que lui donnent ses quatorze ans, ma petite-cousine a raison : il est essentiel de rêver son avenir. Et surtout de ne jamais s’arrêter d’y croire.