22 janvier 2025
Comme s’il n’y avait pas assez de malheurs et d’incertitudes dans notre bas monde, voilà que depuis quelques jours je me pose une grave question. Suis-je Nold ? Non, contrairement à ce qu’essaye de me signifier Word en soulignant ce mot de rouge, je n’ai pas fait de faute de frappe. Ce doux néologisme, contraction des mots Never et Old, désigne les gens ayant entre 45 et 65 ans qui se considèrent toujours jeunes en dépit de l’âge de leurs artères. J’ai découvert ce concept dans un post LinkedIn et en creusant un peu – très peu — j’ai découvert qu’il avait été inventé et théorisé par deux communicants et popularisés dans un article publié par le magazine Vanity Fair il y a cinq ans. À l’époque, j’étais incontestablement Nold. Mais maintenant ? D’une part je ne vais pas tarder à franchir la limite d’âge de cet état et de l’autre, je ne suis pas sûr de vouloir être ainsi catalogué. Déjà que je suis boomer, alors… Et puis, il est certains marqueurs qui ne trompent pas. Ainsi hier ai-je demandé une carte de presse honoraire. « Mais qu’est-ce, mais quoi ? », vous dîtes-vous in petto ? Eh bien sachez que si vous avez été journalistes pendant au moins 20 ans – je vous épargne les détails — ce document prouvera pour le reste de votre vie votre condition et vous permettra de continuer à exercer ce métier sans limite d’âge. Me voilà donc sur le site de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels pour m’enquérir de la démarche à suivre. J’apprends ainsi qu’il me faut « une notification » de mon organisme de retraite attestant que j’y ai été affilié en qualité de journaliste professionnel pendant la durée requise. Soit, mais qui d’autre que ma vénérable Commission de la carte est mieux placée pour savoir que j’ai été journaliste ? Pendant 40 ans (oui, c’est vertigineux) j’ai dû lui prouver chaque année que j’exerçais bien cette noble profession dont je tirais mes revenus. Eh oui, la carte de presse n’est pas un acquis. Ah, il faut aussi un extrait de casier judiciaire. Bien que je n’aie pas non plus très bien compris pourquoi, j’en ai fait une demande et, après m’être numériquement identifié, j’ai reçu dans la minute un relevé tout à fait vierge. Il est donc plus simple et plus rapide d’obtenir un document aussi sensible qu’un relevé des condamnations qu’une carte de presse qui me permet d’entrer gratuitement dans les musées. Mais il n’y a vraiment que les vieux pour raisonner comme ça. Pas Nold donc.