17 octobre 2024
Hier, comme toutes les semaines, j’ai laissé ma maison à la femme de ménage. En me relisant, je me suis demandé s’il y avait une autre appellation pour ce métier, mais les propositions du professeur Google, « agent d’entretien » et « technicien de surface », me semblent vraiment trop administratives. Et pour continuer sur cette première phrase décidément problématique, l’expression « laisser la maison » est la plus appropriée car pour que cette jeune femme puisse faire son travail efficacement, et elle le fait, il faut naturellement lui laisser le champ libre. J’ai donc pour habitude de me réfugier dans mon bureau qui reste un sanctuaire tant il est encombré d’objets divers, variés, souvent inutiles et presque toujours fragiles. Pour ne rien vous cacher – puisque nous sommes quasiment intimes depuis le temps que je vous écris — je m’occupe personnellement de l’entretien de cette pièce. Et comme je suis assez maniaque, je le fais de manière plutôt suivie. J’agis de même dans l’espace numérique. Et c’est ainsi que pendant que l’aspirateur résonnait à l’entour, j’ai entrepris de réorganiser et de nettoyer la page d’accueil de mon téléphone. Trop d’applis tuant l’usage, ces petites icônes passent devant mon tribunal personnel qui juge de leur utilité et de leur pertinence. Et c’est ainsi qu’au cours de cette implacable revue, j’ai examiné le cas Teams. Dossier délicat. La dernière visioconférence à laquelle j’ai participé doit remonter à plusieurs mois. Mais au regard des services rendus j’ai décidé dans ma grande mansuétude, non de supprimer l’application mais de la retirer de la page d’accueil pour l’installer un peu plus loin. Car après tout, il est bien possible que j’en ai encore besoin. Quoique. J’ai appris que cette appli tout comme sa concurrente Zoom allait proposer de se faire remplacer par un avatar tout à fait crédible. Plus besoin de s’habiller pour une visio à 7 heures du mat, on pourra rester en pyjama et se faire remplacer par une image photoréaliste. Et en cas de besoin urgent, il suffira de taper un script pour que le double numérique le récite de manière crédible, nous affirme-t-on. Autrement dit, il sera bientôt impossible de savoir si la personne avec qui tu causes en ligne est vraiment là et si c’est bien elle qui parle. Quand on en sera là, il sera temps d’appliquer la sentence ultime à ces programmes : la poubelle. Sans ménagement.