9 avril 2025
Je vous en prie, ne faites pas de bêtises ! Allez, soyez sympas quoi. À l’heure où vous lirez ces lignes, je serais en train d’animer une journée de débats sur la Gen Z et les écrans connectés dans le cadre de la conférence Future of Video organisée par mes amis de The Media Leader. Certains d’entre vous sont peut-être dans la salle au moment où ce texte est mis en ligne. Alors soyez gentils, ne me faites pas un geste de connivence pour me signaler l’extraordinaire concordance des temps que nous expérimentons en direct. Cela fait près de deux ans que je ne me suis pas prêté à ce genre d’exercice et même si je suis très confiant et très bien préparé, je ne dois en aucun cas perdre mes moyens. Ce genre d’événement nécessite une grande préparation, beaucoup de travail en amont, des centaines de mails, messages et autres conférences vidéo. Ce n’est vraiment pas le moment de faire le malin. D’autant que l’enjeu ne se situe pas uniquement dans la salle. D’ici quelques heures, que dis-je quelques minutes, les photos de cette rencontre postées par les organisateurs, les participants ou le public se multiplieront sur les réseaux. Impossible de ne pas être à la hauteur sur ces clichés. Je sais, ce n’est pas un concours de beauté. Mais quand même. Au moins cela changera-t-il de ces dizaines d’images de quidams emballés sous blister avec quelques accessoires à leur côté, tels de vagues Barbie ratées. Il y en a tellement que je frise l’overdose. Et ce ne sont pas les centaines de portraits singeant maladroitement l’esthétique poétique des productions Ghibli qui me réconcilieront avec cette mode des mèmes. Ces filtres affligeants me feraient presque regretter les couvertures de Martine qui polluaient les fils sociaux il y a encore peu. En cette journée où je me consacre à la première génération qui utilisera toute sa vie l’intelligence artificielle, j’ai conscience que cette réticence face à l’humour programmatique peut-être interprétée comme le signe d’un passéisme – voire d’un obscurantisme – des plus déplorables. Ce n’est peut-être pas complètement faux, même si j’ai recours tous les jours à une IA pour illustrer mes textes. Mais je crois que je ne demanderai jamais à une machine, aussi brillante soit-elle, de me raconter une histoire drôle. Parce que si elle y arrivait, cela me rendrait triste. Très triste même.