9 avril 2024
J’aimerais pouvoir vous dire le contraire, mais je suis un type assez banal. Je fais à peu près tout comme tout le monde et quand j’ai parfois l’impression d’être original, la réalité me rattrape plus ou moins rapidement mais systématiquement. Par exemple, je porte depuis des années des chaussettes rouges. Non par admiration pour Edouard Balladur ou François Fillon (même si c’est le premier qui m’a donné l’idée en lisant un portrait de lui) mais parce que ça m’évite un choix inutile dans une période de la journée où mon cerveau est encore en mode veille. Eh bien, vous verriez le nombre de gens ainsi chaussés circulant en deux roues, vous pourriez penser que le mari de Pénélope a ses chances pour 2027. Il y a pourtant un aspect de la vie quotidienne dans lequel, me semble-t-il (remarquez la prudence) je diffère d’une bonne partie de la population, c’est ma consommation audiovisuelle. À défaut d’être très original en la matière, je suis plutôt vieille école. J’entends par là que je ne suis abonné à aucune des plateformes de streaming moderne, me contentant d’un abonnement à Canal + dont le numéro trahit mon âge. Je suis ainsi passé à côté de la plupart des succès planétaires diffusés sur Netflix, Disney et les autres. Ce n’est pas le résultat d’un choix politique ou d’une position culturelle mais simplement la conséquence de ma gestion du temps de cerveau disponible qui m’empêche d’enchaîner les séries par saisons entières. J’apprends d’ailleurs ce matin que selon une étude mondiale de Médiamétrie, l’ère du binge watching se termine. Faute de pouvoir fournir suffisamment de programmes à une audience toujours plus boulimique, les acteurs de ce marché ont redécouvert qu’il valait mieux distiller les contenus au fil du temps plutôt que de tout livrer en une fois. Et puis, il faudra aussi se taper des écrans de pub, même sur Amazon, sauf à payer plus cher. Le retour à une logique économique somme toute assez banale, elle aussi. J’observe ces évolutions avec le détachement du zappeur à l’ancienne. Jusqu’au jour où la Formule 1 vendra ses droits à la plateforme qui lui a permis de doper ses audiences en romançant les coulisses de la course. Et alors, comme un pilote de scooter en chaussettes écarlates, je me fondrai dans la masse. Encore.