17 février 2025
Ça doit être un héritage génétique. J’ai la larme assez facile. De joie, de douleur et surtout d’émotion. Je vous l’avoue parce que j’ai éprouvé ces trois sentiments simultanément en lisant une histoire dans le journal ce week-end. Ce sont deux juifs qui sont au paradis et qui rigolent. Dieu passe par là et leur demande ce qui les fait rire. « Auschwitz » répondent-ils. « Mais ce n’était pas drôle Auschwitz ! » s’indigne Dieu. « Qu’est-ce que tu en sais ? Tu n’étais pas là ! » lui répliquent-ils. C’est peut-être l’histoire la plus drôle et la plus triste que j’ai jamais lue. Elle était contée à l’occasion de la rencontre de quatre survivantes réunies autour d’un déjeuner il y a trois ans par le cinéaste David Teboul qui en a fait un livre : « Les Filles de Birkenau ». Je ne l’ai pas encore lu mais l’article en lui-même était déjà très émouvant. Ma mère, dont j’ai hérité des capacités lacrymales, n’a pas été déportée, pas plus que les autres membres de ma famille. Elle y a réchappé sans aucun doute par chance mais aussi grâce à sa détermination. C’était une petite jeune femme qui ne voulait pas se laisser faire, humilier, enfermer ou tuer au simple motif qu’elle était juive. Alors elle a résisté. Ce n’était pas une héroïne mais elle a fait ce qu’elle pensait devoir faire à son niveau. Je n’aime pas la violence. J’en ai même peur. Enfant, je faisais partie de ceux qui ferment les yeux instinctivement face au danger. Certains balèzes de la cour de récré s’en moquaient. Mais quand il a fallu relever le défi du pire d’entre eux qui voulait savoir s’il pouvait battre un maigrichon (oui oui je l’ai été) qui l’obligeait à lever la tête pour lui parler, je l’ai fait. Ça m’a fait mal et mouiller les yeux. Mais ce môme qui avait développé tous ses muscles sauf ceux de la tête m’a respecté par la suite. Je n’en suis pas plus fier que celle qui m’a mis au monde ne l’était de sa guerre mais c’est ainsi que je suis. Et si je vous l’écris ce matin, c’est parce que je suis un citoyen affligé de voir notre pays et notre union se faire impunément marcher sur les pieds pour ne pas dire plus. Je lis les déclarations, j’apprends les réunions mais j’attends toujours des réactions. Je comprends bien que nos dirigeants soient très occupés en ce moment mais si les sommets sont de bien belles initiatives, ce qui nous menace en ce moment ce n’est pas l’intelligence. Artificielle ou non.