J’habite dans une très jolie banlieue dans l’ouest de Paris. Ça, c’est une nouvelle, non ? Je comprends que cela ne vous fasse pas sauter de votre chaise, mais c’est important pour la suite de l’histoire. Une banlieue assez pour ne pas dire, très aisée, pleine de verdure, de rivières de lac et de villas. Au centre cet écrin comme on dit dans les agences immobilières, se trouve le cœur de ville, selon le vocabulaire des néo communicants municipaux. Et au milieu de celui-ci (le centre-ville, vous suivez ?), il y a naturellement l’église autour de laquelle se trouvent quelques-uns des principaux commerces locaux. Comme on peut le supposer, la démographie du coin penche plutôt vers le gris, la couleur de cheveux majoritaire dans la région. À propos de cheveux, ma fille, lorsqu’elle était adolescente, disait que le problème chez les coiffeurs de la place de l’Église, c’est qu’on n’est jamais sûr que la dame dont la mise en plis est en cours sous le casque, est encore vivante. Pardonnez-la, elle était jeune. Pour en revenir à notre place, le plus grand commerce est un supermarché à l’enseigne très connue, qui se targue – entre autres – « de simplifier et embellir le quotidien des voyageurs urbains » et innove constamment tant en matière d’expérience client que de propositions de services. Une marque moderne, donc fréquentée dans la ville susmentionnée par une clientèle globalement cohérente avec la socio-démographie locale : riche et vieille. Or, à la sortie de ce magasin, officie depuis quelques temps, un vigile, plutôt avenant et poli. Mais qui accomplit sa tâche avec conscience et demande systématiquement à vérifier la cohérence du ticket avec le contenu des achats à des dames et des messieurs d’un certain âge, ce qui ne manque pas d’en contrarier certains. Et ce faisant, il tue sans le savoir, des heures de travail sur le parcours client effectuées chez l’annonceur, en agences et dans les cabinets de consultant. Un petit détail et tout est à refaire.
