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Jurassic call

« Je suis un dinosaure. Avant j’étais un tyrannosaure mais maintenant je suis plutôt un diplodocus ». C’est un jeune homme légèrement plus âgé que moi qui m’a fait cette déclaration à laquelle j’adhère parfaitement. Je ne crois pas avoir été un crocodile préhistorique mais peut-être un brachiosaure dont mon documentaliste artificiel m’affirme que son énergie était comparable à celle de notre actuel paresseux. Cette image m’a d’autant plus frappé que le matin même, j’avais eu précisément cette sensation d’appartenir à une espèce éteinte il y a très longtemps. J’assistais à une conférence organisée par mes amis de The Media Leader – excellente publication dont je vous recommande tout particulièrement la parution dominicale – dont le thème était l’influence de l’IA sur les marques et leurs relations avec les consommateurs. J’ai ainsi appris beaucoup de choses fort intéressantes sur tous les aspects de cette vaste question. Mais ce qui m’a personnellement interpellé est une fonction proposée par Google dans la version dopée à l’intelligence artificielle de son moteur de recherche. Une option qui n’est pas encore disponible chez nous mais qui devrait l’être un de ces jours. L’exemple présenté était celui d’une personne cherchant à acheter une guitare électrique – on se demande vraiment où ils vont chercher des idées aussi saugrenues — et se renseignant de sa disponibilité dans les magasins à l’entour. Les réponses s’affichaient de manière classique si ce n’est qu’un bouton sur lequel était écrit « Call » apparaissait au pied de la recherche. En cliquant dessus, expliquait le conférencier, la machine appelle les magasins pour vérifier que l’instrument est bel et bien en stock. Mon attention s’est alors évanouie quelques instants tandis que je me mettais à divaguer dans le passé. Non celui d’une forêt primaire peuplée d’animaux géants mais du bureau de l’appartement de mes parents d’où je composais un numéro sur le cadran du téléphone. Peu importe qui j’appelais, une boutique, un service ou une institution quelconque. À partir du moment où il s’agissait d’un adulte inconnu, j’avais le ventre noué, la sueur au front. En clair, je détestais cela. Autant vous dire que si, par un accident spatiotemporel cette fonction avait existé alors, j’en aurais été un grand utilisateur. Mais je ne sais comment je réagirai lorsqu’elle sera disponible ici. Car je ne peux m’empêcher d’envisager que le robot téléphoniste tombe sur l’un de ses égaux et que, de fil en aiguille, ou plutôt de bots en bits, ils concluent l’affaire sur mon dos. Comme si j’avais besoin d’une nouvelle guitare.