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Instant résistant

Si la distraction devenait une discipline olympique, la France aurait une sensible augmentation de ses chances de médailles avec un champion comme moi. Et je pèse mes mots. Mon dernier exploit remonte à hier lorsque, rentrant les poubelles – quand je vous dis que ma vie est riche– je me suis retrouvé enfermé dehors. J’avais pourtant cru anticiper, conscient de la tempête qui pouvait à tout instant refermer la grille du jardin. Mais toute la magie de la distraction se cache dans la substitution du verbe « vérifier » par celui de « croire ». Et c’est ainsi que mon container à roulettes et moi nous sommes retrouvés comme des ce que vous imaginez. Mais un bon distrait doit avoir de la ressource et c’est ainsi que je suis allé sonner chez ma voisine dont le terrain donne accès au mien par un portail toujours ouvert. Par chance elle est chez elle, rigole de ma mésaventure et me demande comment ça va. « Très bien » lui dis-je. À cette réponse somme toute bien banale mais assénée avec conviction, la jeune femme me réplique que ce n’est pas courant. « Tout le monde va mal en ce moment », me dit-elle. Fin de l’échange, dont vous conviendrez qu’il est d’une hauteur très relative. Et pourtant, il me reste en tête. Je revenais de la conférence dont je vous ai narré hier le contenu aussi intéressant que déprimant. Aussi me suis-je demandé si j’étais sincère en lui répondant que j’avais une pêche qui n’était pas de saison. Et après une brève introspection, je ne peux que confirmer cet état d’esprit. Bien sûr, comme tout le monde, j’ai des petites contrariétés à l’image de ce complot ourdi par le vent, le portail et mes clés. Mais rien de vraiment très grave. Et puis ce matin, je suis tombé sur un article à propos du moral des Français. Si vous ne l’avez pas lu, continuez, parce que c’est franchement inquiétant. Je pourrais vous balancer une bordée de chiffres mais pour faire court, l’humeur est on ne peut plus maussade. Et on peut le comprendre. La simple écoute d’un flash d’infos de 2 minutes est un catalogue des calamités présentes et à venir. Pourtant, ce matin, alors que la tempête s’en est allée et que j’ai réussi à rentrer chez moi sans rien oublier, je suis aussi serein que la veille. Avec mon sourire idiot, je me ferais presque l’impression d’être un résistant. Pour l’instant.