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Idées affligeantes

11 février 2025

Il est temps. En cette semaine si intensément consacrée à l’intelligence artificielle, à ses bienfaits comme à ses dangers, il n’est que temps de saluer l’ingéniosité humaine. À l’heure où vous lisez ces lignes, j’assiste à une conférence sur les tenants et les aboutissants de cette technologie qui nous occupe autant qu’elle nous préoccupe. Intelligents comme vous l’êtes, vous avez donc instantanément déduit que ces mots ont été couchés sur l’écran hier. Ce que vous ne pouvez pas savoir, c’est qu’ils ont été inspirés par un message reçu alors que je m’apprêtais à publier le Daily Text sur la réalité virtuelle – que vous avez naturellement lu ce dont je vous remercie. Ce SMS donc m’indiquait simplement « échec de l’envoi » suivi d’un prétendu message envoyé par moi dans lequel j’aurais écrit « je vous rappelle ». N’est-ce point brillant ? Je n’ai nulle idée de l’objectif final de la manip, mais je dois reconnaître que je suis épaté par les trésors d’imagination de ces escrocs digitaux pour m’inciter à mordre à leurs appâts. Inutile de les détailler, vous recevez les mêmes, je le sais. Et si comme moi ils vous importunent, avouez qu’à défaut d’être le fruit d’un certain talent, ils sont le résultat d’une persévérance hors norme. Cela me rappelle, dans un registre bien plus honnête, les mailings papier qu’envoyaient les vendeurs par correspondance pour inciter les clients à participer à leurs jeux-concours. Pour mes plus jeunes lecteurs, il s’agissait principalement de deux marques, La Redoute et les 3 Suisses qui existent encore aujourd’hui à l’inverse de leurs énormes catalogues semestriels, bibles de la consommation tuées par le numérique. Pour animer les ventes, ces enseignes redoublaient d’inventivité dans leurs courriers publicitaires. Entre les fac-similés de chèques au montant faramineux – en francs — et les fausses cartes grises personnalisées de la voiture à gagner, tout était bon pour attirer le chaland. À l’époque, je rêvais d’assister aux brainstormings d’où jaillissaient ces délires créatifs. Au moins avaient-ils pour but de faire gagner de l’argent au client, ce qui n’est pas le cas des anonymes aigrefins. Des humains c’est certain mais qui, à n’en point douter, ne manqueront pas de trouver dans l’IA une alliée à leurs manœuvres frauduleuses. Puisse notre bonne vieille jugeote nous permettre encore longtemps de déjouer cette intelligence affligeante.