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Grêle du zèle

27 mai 2025

Aujourd’hui, je vais à Paris. Ça vous la coupe non ? Vraiment pas ? Je comprends. Mais essayez de faire un effort de votre côté. C’est que je n’y viens plus si souvent dans la capitale depuis que je n’ai plus d’obligations professionnelles quotidiennes. Cette grande et belle ville dans laquelle j’ai vécu toute mon enfance, mon adolescence, ma jeunesse, m’est parfois bien étrangère. Il me semble en effet qu’elle est chaque jour un peu moins accueillante pour ses voisins. Elle pouvait certes m’agacer lorsque j’étais l’un des siens mais pour d’autres raisons qui n’étaient probablement pas meilleures. Quoi qu’il en soit, n’ayant pas moins de deux rendez-vous, je peux prétendre avoir une journée très chargée devant moi. Pourrai-je circuler à ma guise malgré les mouvements de protestations divers et variés ? Je ne suis pas inquiet sur ce point. Les agriculteurs qui manifestaient pour s’assurer qu’une loi les concernant soit adoptée – ce qui au passage est très rare, ce genre de mouvements étant généralement destiné à s’opposer à un texte — ont semble-t-il levé le camp. Par une manœuvre dont je n’ai pas totalement saisi la subtilité, les partisans de cette loi ont voté contre afin qu’elle soit adoptée sans amendements. Du moins est-ce ce que j’ai cru comprendre. Restent les taxis qui bloquent un boulevard et font l’escargot, ce qui ne change pas fondamentalement le rythme des déplacements du quartier. Perché sur mon petit destrier électrique, j’essayerai de contourner ces embarras temporaires. Au fond, j’ai avec cette ville, une relation comparable à celle que je pourrais avoir avec une très bonne amie, très belle, très intelligente, très exigeante et très capricieuse (NB : il s’agit d’une métaphore purement hypothétique, nulle ne doit se sentir visée). Elle peut m’horripiler au plus haut point mais ses défauts sont moindres que ses qualités. Il y a quelques jours j’avais été affligé par les propos d’un adjoint à la maire selon lequel une averse de grêle justifiait une réduction plus drastique que jamais de la circulation automobile au motif que celle-ci était responsable du dérèglement climatique. Et par conséquent de la formation de grêlons potentiellement destructeurs. L’inanité de ce raisonnement confondant climat et météo m’avait consterné. Mes humeurs étant cependant aussi durables que des cristaux de glace, je n’y penserai plus cet après-midi si le soleil illumine les Invalides, le Louvre ou la verrière du Grand Palais. Ne serait-ce qu’un instant.