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Fragments d’enquête

Vous vous en souvenez ? Non ? Faites un petit effort s’il vous plaît ! Je sais que vous avez passé de merveilleuses vacances en des lieux enchanteurs, j’ai vu les photos sur les réseaux c’était très beau, mais maintenant il faut s’y remettre. Avant les vacances, je vous avais parlé de ces grenouilles rieuses dont le cri particulièrement sonore perturbait mon sommeil. J’ai longtemps cru que ce son était émis par quelques palmipèdes avant que ma femme me convainque avec cette raison qui la caractérise qu’il s’agissait de batraciens. Cela m’avait laissé coi. Si cette histoire ne vous évoque rien, voici un lien pour rafraîchir votre mémoire. La mienne m’est revenue ces dernières nuits en prenant conscience qu’elles se sont tues. Soit que la saison des amours et des cris soit passée, soit qu’elles aient migré vers d’autres rives, quoi qu’il en soit, la quiétude nocturne n’est désormais plus brisée par ces chants aigus. Et c’est ainsi qu’au terme d’un sommeil sans autre trouble sonore que le chant matinal des oiseaux, j’ai pu reprendre ma routine informative matinale. J’ai ainsi rallumé la radio pendant ma toilette, geste que je m’interdis de faire quand je suis en vacances. J’avais pris cette résolution il y a fort longtemps, considérant que mon travail m’imposant d’être informé, il était naturel et sain que je ne le sois pas pendant les congés. C’était à l’époque où le simple fait de ne pas trouver de presse quotidienne sur les lieux de villégiature suffisait à vous couper du monde ce qui n’est évidemment plus le cas aujourd’hui. Néanmoins je continue à observer cette trêve radiophonique, fut-elle symbolique. Je mentirais en affirmant que j’ai été dépaysé par les infos que j’ai captées aujourd’hui. Qu’il s’agisse de la situation internationale ou du marasme local, l’ensemble s’inscrit dans la droite ligne de ce que j’avais laissé il y a un mois. Ah si, il y avait quand même du nouveau et pas seulement dans l’affaire du quadruple meurtre de la Seine qui me rappelle les polars que j’ai lus cet été. J’ai également appris que nous avions peut-être un nouveau cousin australopithèque. Des chercheurs ont découvert en Éthiopie une dent d’homininé, autrement dit un représentant de la lignée humaine depuis sa séparation de celle des chimpanzés, qui ne ressemble pas à celle de ses contemporains, à commencer par la célèbre Lucy. Mais ne nous emballons pas, rien à ce stade de l’enquête ne permet d’affirmer à partir d’un unique fragment que nous sommes en présence du représentant d’une nouvelle espèce. Peut-être juste d’un type qui se faisait les dents à l’idée de rentrer de vacances. Tout le contraire de votre serviteur.