11 juillet 2024
J’ai fait la paix avec mon voisin. Nous n’étions pas en guerre mais disons qu’à la suite d’un différend sur une clôture (c’est assez banal entre voisins), nous étions en froid depuis un certain temps. Lorsque nous nous croisions sur les pelouses – dans la riche et vieillissante banlieue que j’ai la chance d’habiter, on se croise sur les pelouses – l’un dénombrait les cailloux de l’allée, l’autre observait le ciel. Et puis, par l’entremise de nos épouses qui sont plus diplomates, nous avons repris langue, à propos cette fois-ci de problèmes horticoles et arboricoles. Oh, ce ne furent que des discussions techniques, néanmoins si la grande presse se penchait sur le sujet – on se demande bien pourquoi elle le ferait – elle pourrait parler de début de réchauffement. Et après tout, il est bien plus simple de dire bonjour lorsqu’on se croise sur les pelouses ou ailleurs. Ça n’implique pas grand-chose de plus, mais cela facilite la vie. J’essaye de garder cette sage attitude avec une autre de mes relations, cette fois-ci sur les réseaux sociaux, qui me reprochait mon enthousiasme naïf pour la publicité à mon retour de Cannes, il y a quelques semaines. Lui-même ancien et brillant acteur de ce métier, il me faisait remarquer que si nous étions tous deux des « fils de pub » nos pères n’étaient pas comparables, le sien étant naturellement le meilleur. Ce à quoi je lui répliquais que je n’étais pas fils de pub, mais de journalistes. Et il n’y a pas de faute d’accord dans le dernier mot, car si mon père biologique exerçait ce métier, en matière de publicité, c’est Christian Blachas qui m’a inspiré. Or un jour que je l’accompagnais chez lui, je l’ai entendu maugréer contre les prospectus qui bourraient sa boîte aux lettres. Eh bien comme lui, j’aime la bonne pub et je l’assume tout comme je revendique le droit de la critiquer. Ainsi dans mon texte d’hier j’ai pu interpeller certains de mes fidèles lecteurs en révélant que j’utilisais un adblocker. Je peux comprendre ce trouble. Je m’y suis résolu il y a quelque mois pour arriver à lire un site fort bien renseigné sur la Formule 1 sans risquer une crise d’épilepsie provoquée par des fenêtres animées si nombreuses qu’elles se superposent. Tout au long de ma carrière, je me suis engagé pour que la pub soit acceptée. Mais pour cela, il faut qu’elle soit acceptable et la meilleure des créations est une agression si elle n’est pas respectueuse du contexte. Comme dans les affaires de voisinage, tout est question de délicatesse. Et de politesse.