3 décembre 2024
Vite, vite, je suis en retard, comme disait le lapin d’Alice au Pays des Merveilles, l’un de mes livres de référence. Ce matin, je me dépêche de vous écrire car, à l’heure du déjeuner, il faudra que je vous quitte. Rassurez-vous, je ne démissionne pas. D’ailleurs, je ne vois pas bien de quoi je pourrais le faire, ni pourquoi. À moins que vous ne me colliez une motion de censure dans les commentaires mais j’espère ne pas la mériter. Non, je quitte mon domicile pour le laisser à la femme de ménage. Pendant quelques heures, la maison devient son territoire et, si j’ai quelques pièces où me réfugier, je préfère lui laisser le champ libre. Le bureau d’où je vous écris fait d’ailleurs partie de ces sanctuaires. Non que je tienne à ce qu’il reste crasseux mais j’y accumule tellement d’objets que je préfère m’en occuper moi-même ce qui me rend seul responsable de leur éventuelle dégradation. Et si je m’éclipse, c’est moins pour échapper au bruit de l’aspirateur que pour éviter de rester dans ces pattes et de la déranger. Au même titre que je n’aime pas être interrompu dans l’écriture de ce texte, travail qui n’est pas plus noble que celui qu’accomplit cette jeune femme. Et certainement moins utile. Lorsque vous lirez ces mots, je serai donc sorti pour déjeuner avant de m’atteler à quelques occupations aussi passionnantes que me rendre à la déchetterie municipale pour y laisser quelques objets aussi obsolètes qu’encombrants. Oui, même les heureux retraités ne peuvent pas passer leur vie dans une ambiance de catalogue de vacances pour séniors souriants. Il y a des jours où tu dois t’astreindre à accomplir des tâches fastidieuses sous un ciel plombé. C’est à ce prix que tu peux le soir, te coucher avec la satisfaction du devoir accompli. J’exagère un peu d’autant que le fait de lancer des vieux rogatons dans les bennes du centre de traitement et de valorisation des déchets – c’est son vrai nom — a quelque chose de régressif. Et par conséquent d’assez jouissif. Mais il faut quand même faire attention à ne pas se laisser emporter par un enthousiasme destructeur. Même si c’est une attitude très en vogue ces derniers temps.