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Désespoir calendaire

21 janvier 2025

C’est tout moi ça. Je ne me suis aperçu qu’hier soir que je venais de vivre le Blue Monday 2025. Après de brèves recherches, j’ai découvert que ce concept avait été inventé à des fins publicitaires par une chaine de télévision anglaise il y a précisément 20 ans. Une pseudo-formule mathématique avait même été diffusée pour accréditer le fait que le troisième lundi de janvier serait en raison de la météo, de la luminosité et de divers autres facteurs, le plus déprimant qui soit. Pourquoi pas ? Mais il se trouve que je ne l’ai pas remarqué cette année. À peine mon texte bouclé, je suis parti déjeuner avec un ami que je n’avais pas vu depuis longtemps et j’ai passé un excellent moment. Et je ne vous dis rien du boudin purée. Puis, quittant le restaurant un peu tard, j’ai constaté que le brouillard se déchirait doucement ce qui m’a donné envie de m’égarer dans les confins du XVI -ème arrondissement. J’ai ainsi emprunté de calmes avenues qui surplombent l’ancienne ligne de ceinture, bordées d’immeubles pour lesquels l’adjectif cossu est insuffisant. La lumière d’hiver enchantait ce décor qu’on aurait dit sorti d’une scène parisienne d’un film hollywoodien. De retour à la maison, j’ai picoré parmi les livres récemment achetés pour déterminer par lequel j’avais envie de commencer. J’ai craqué pour « Bristol », le dernier Jean Echenoz qui fait partie de ces auteurs dont je lirais la liste des courses s’il la publiait. Enfin – vous voyez ce n’était pas si long — la nuit tombant, j’ai branché ma guitare et ouvert YouTube pour lancer une première backing track et improviser dessus, comme tous les soirs. Et par un pur hasard, j’ai commencé par un morceau titré Stormy Monday. C’est un standard dont les paroles détaillent chaque jour d’une semaine pourrie. Mais le morceau de bravoure est évidemment le solo qui doit traduire ce désespoir calendaire à coup de riffs déchirants. Les meilleurs guitaristes s’y sont illustrés. Les médiocres s’y frottent aussi. Sans prétendre à autre chose qu’y prendre du plaisir, je m’y lance de temps en temps. Certains soirs ça passe, d’autres… Mais je dois avouer qu’hier, je n’étais pas mécontent de mon exécution. En dépit des apparences, ce lundi n’était peut-être pas aussi bleu qu’annoncé. Mais comme le dit la suite de la chanson, “Tuesday was just as bad and Wednesday’s worse ». Pourvu que cela ne dure pas quatre ans.