Il faut reconnaître que le retrait de la vie active a ses avantages. Je ne vais pas vous faire la pub mais il est vrai que passé l’exercice qui consiste à écrire ce texte matinal, je jouis d’une liberté sans contrainte ni culpabilité. Mais il y a quand même des petites choses que l’on regrette. C’est ainsi que ce matin, en découvrant les résultats de la dernière vague d’audience radio de Médiamétrie j’ai été surpris par un petit pincement de nostalgie (le sentiment, pas la radio). Je me suis souvenu de ces matins où je me levais encore plus tôt pour être prêt pour les résultats de la « 75 000 » puis de la « 126 000 » qui tombaient à 8 heures pétantes. Il fallait aller vite pour griller les concurrents, ouvrir le PDF et décrypter les tableaux pour voir qui était le vainqueur de la rentrée, le looser de la saison ou la bonne surprise du moment. Tu écrivais ton papier à fond la caisse tout en vérifiant et revérifiant les chiffres et les pourcentages. Parce que le moindre 0,1 point d’erreur et le coup de fil courroucé du dircom, voire du patron de la station, était garanti. Et puis, les bons jours tu arrivais même à griller l’AFP, le Graal. Et tout ça pour quoi ? Pour l’avantage commercial que cela peut procurer, pour la réputation du journal, mais surtout pour l’adrénaline du matin. Pour être le premier, tout simplement. En réalité, j’ai passé la main à l’excellent Thierry Wojciak bien avant ma retraite parce qu’il est autrement plus rigoureux que moi dans cet exercice. Je n’ai jamais été très bon avec les chiffres. Allez savoir pourquoi, ils me font un peu peur et je les manie avec une prudence inquiète. C’est pourquoi j’avais imaginé il y a très longtemps qu’un programme pourrait parfaitement me remplacer pour réaliser les articles sur les résultats d’audience. Il suffisait, dans mon rêve, de charger le tableau Excel, de paramétrer deux ou trois données et hop, le système vous crachait un article parfait prêt à être publié bien avant tous les confrères. En gros et en toute modestie, j’avais inventé l’intelligence artificielle avant tout le monde. Sauf que je n’avais pas la moindre idée de la manière de le faire. Tant pis pour moi, tant mieux pour les journalistes.

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Frédéric Roy
Ancien directeur de la rédaction de CB News disposant de beaucoup de temps après avoir longtemps couru derrière. J'écris tous les jours pour mon plaisir et, autant que possible, pour le vôtre.