14 février 2025
À mon âge certain, j’ai encore des addictions. J’ai pourtant arrêté de fumer – du tabac et d’autres choses – depuis des dizaines d’années, je bois relativement peu d’alcool mais je continue à consommer pas mal de café. Trop peut-être, mais comme je l’ai un jour expliqué à ma cardiologue, je ne peux pas tout faire bien. Et puis, j’ai aussi des addictions littéraires. Ce sont des auteurs qui ne sont peut-être pas les meilleurs mais dont les bouquins, pour diverses raisons me sont irrésistibles. Quand j’en aperçois un dans un rayonnage de librairie, je craque. Et comme il n’y a pas de mention sur les risques qu’engendrerait une surconsommation de tels livres, j’ai bonne conscience. Il en est ainsi de James Lee Burke. Comme son nom le laisse entendre il est américain et c’est un auteur particulièrement prolifique de polars. La plupart ont pour héros un certain David Robicheaux, un flic dans une petite ville de Louisiane. Les histoires sont longues et complexes, il y a des dizaines de personnages et les intrigues s’entremêlent tant qu’elles sont parfois difficiles de suivre. C’est cru et parfois très violent, les histoires sont inégales, pas toujours très originales, mais c’est toujours prenant. D’ailleurs l’un de ses romans, « Dans la brume électrique », a été adapté au ciné par Bertrand Tavernier avec un parfait Tommy Lee Jones en personnage principal. Je crois que ce que j’aime le plus dans ces bouquins, c’est qu’ils me font voyager. Depuis le temps que je la fréquente, j’ai vraiment l’impression de connaître la ville de New Iberia comme si je l’avais visitée. Car, outre sa passion pour la description des ciels et des odeurs de cette région, l’auteur est extrêmement précis sur les lieux où se déroule l’action. Au point que j’ai pris l’habitude d’avoir ma tablette à portée de la main lorsque je lis. Cela me permet de suivre les déplacements des personnages entre les bras et les mangroves du delta du Mississippi. Je roule avec lui vers les quartiers aussi déshérités que dangereux de la Nouvelle Orléans à la recherche de meurtriers sans pitié. C’est ainsi que le temps d’un roman je visite et revisite les bords du Golfe du Mexique. Ou d’Amérique comme l’indique Google Map depuis quelques jours. Je ne connais pas les opinions politiques de Robicheaux ni de son auteur mais je serais surpris qu’ils apprécient cette petite lâcheté cartographique.