J’y ai échappé de peu. Enfin pas tant que ça mais en y repensant, le coup n’est pas passé bien loin. À moins que la balle ait rasé le filet, je vous laisse le choix de la métaphore. Par l’une de ces coïncidences que la vie nous réserve, j’ai en effet appris ce matin que le ministre de l’Éducation nationale avait demandé que l’on resserre les critères de révision des notes du baccalauréat. Or, ma feuille de résultats, ma « collante » si je me souviens bien, est justement réapparue au détour d’un rangement de comble. Ce document quasi antique, rempli à la main et à la plume, indique qu’ayant obtenu une note moyenne de 10,00 points, j’ai été admis à cet examen. Sans mention ni félicitations. Ma véritable chance fut, non pas que mes connaissances en histoire – géo compensent mes déficiences en math ou que mon devoir de philo soit jugé un tout petit peu mieux que nul, mais d’avoir passé mon bac la première année où la moyenne nécessaire pour le réussir était de 10 et non plus de 12. Un an plus tôt, j’aurais été impitoyablement recalé. Je devrais donc remercier le ministre en charge à l’époque, mais il ne doit plus être de ce monde et s’il l’est encore, probablement pas en état de me recevoir. Quant à l’actuel, je ne doute pas que des félicitations, fussent-elles illégitimes, lui feraient plaisir compte tenu de sa fragile situation, mais il ne faut pas exagérer. D’ailleurs j’ai oublié son nom, comme celui de la plupart de ses collègues qui me semblent plus que jamais fantomatiques. Ce matin encore, j’ai entendu le titulaire du portefeuille des relations avec le Parlement dont j’ai découvert à cette occasion qu’il portait le nom de Panifous, Laurent de son prénom. Un patronyme dont la belle consonance m’est apparue en parfaite harmonie avec l’ambiance qui règne dans ces hémicycles où chacun semble avoir une idée différente de son voisin, quel que soit le sujet abordé. J’ai rapidement coupé le sifflet à ce garçon à l’accent aussi chantant que son propos était barbant. Je ne saurais donc jamais si pour détendre l’atmosphère ou tenter de trouver un sujet intéressant, l’un des intervieweurs lui a posé une question sur la décision de son confrère de l’enseignement au terme de laquelle « aucun rattrapage » ne serait désormais plus possible en dessous d’une note minimale de 8/20. Une question de « crédibilité » a-t-il justifié, précisant qu’il s’agissait bien de celle du « diplôme national » et non de l’Assemblée tout aussi nationale. Dont la note risque d’être salée. Plus que la moyenne.

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Frédéric Roy
Ancien directeur de la rédaction de CB News disposant de beaucoup de temps après avoir longtemps couru derrière. J'écris tous les jours pour mon plaisir et, autant que possible, pour le vôtre.