Non loin de chez moi il y a une maison hantée. Si vous ne lisez pas la suite, c’est à désespérer. D’accord, ce n’est pas tout à fait exact. C’est une villa abandonnée au milieu d’un parc envahi de ces plantes folles qui caractérisent la reprise du pouvoir de la nature dès que l’homme lui en laisse l’occasion. De la rue on aperçoit ses murs noirâtres percés de fenêtres aveugles. Un parfait décor gore. Elle attire d’ailleurs les adeptes de l’urbex qui se faufilent dans les interstices de la clôture. Cependant depuis quelque temps, cette dernière a été renforcée et surmontée de panneaux rappelant qu’il s’agit d’une propriété privée et qu’il est par conséquent interdit d’y pénétrer. Je ne sais pourquoi ni par qui ces précautions ont été prises mais j’aime à supposer que c’est pour décourager les fans d’Halloween d’y organiser des soirées flippantes. Car oui, la saison des citrouilles a commencé. La preuve, l’agence immobilière qui jouxte la gare de ma petite ville s’est déjà parée d’orange et de noir. J’ai déjà évoqué ici cet établissement qui à chaque occasion du calendrier installe une décoration de circonstance. Œufs de Pâque, rentrée des classes ou fêtes de fin d’année, tout est prétexte à des petites saynètes en carton-pâte. Mais le clou est sans aucun doute la mise en scène macabre de l’automne. Je ne connais pas les propriétaires de ce commerce mais il est certain qu’ils se donnent des objectifs toujours plus ambitieux d’une année à l’autre. Ainsi l’araignée géante perchée sur le toit qui impressionnait déjà il y a un an, est désormais chevauchée par un squelette. Mais le pire, pour l’heure, est un immense crâne qui émerge du jardin. Une installation considérable d’où, au train où vont les choses, pourraient sortir des vers en papier mâché tout aussi géants d’ici douze mois. Je ne me moque pas, je perçois au contraire un enthousiasme juvénile assez réjouissant qui se manifeste également par l’impatience à montrer les nouvelles réalisations. Ainsi, les parapluies roses qui ornaient presque discrètement la grille du jardin depuis le 1er octobre ont été rapidement remplacés par ce folklore macabre alors que la visite de Jack O’Lantern n’est prévue que pour le 31. Cela m’a rappelé cet article que j’ai vu passer hier dans la newsletter d’Influencia sur le pink washing qui délave l’octobre rose. N’étant pas abonné je n’ai pu en lire plus que le chapeau et les premières lignes mais je me suis dit que pour ce qui est de l’orange, on n’est pas près de le nettoyer. En notre monde, le temps passe vite mais l’horreur ne pâlit pas.

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Frédéric Roy
Ancien directeur de la rédaction de CB News disposant de beaucoup de temps après avoir longtemps couru derrière. J'écris tous les jours pour mon plaisir et, autant que possible, pour le vôtre.
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