Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Cœur silencieux

24 juin 2025

Vous me connaissez, je suis un garçon d’abord assez facile. Si ma timidité m’empêche parfois d’aborder les inconnus, je ne suis pas farouche pour autant. Il m’arrive même de céder à l’instinct comme la semaine dernière lorsqu’un animateur star de la télévision américaine m’est passé juste à côté sur la Croisette de Cannes et que, cédant à je ne sais quelle impulsion, je l’ai interpellé par son prénom. Conformément à son statut, il s’est retourné, m’a fait un immense sourire et adressé un signe de victoire. La photo de cet instant m’a valu un record d’audience personnel sur le réseau social sur lequel nous sommes actuellement. Je vous rassure, on reste dans des chiffres très raisonnables. Cependant dans le cas improbable où ce cliché vous aurait échappé, je vous laisse une nouvelle chance de le découvrir en cliquant ici. Pour les autres, c’est-à-dire la grande majorité d’entre vous, je comprends que vous commenciez à vous dire que ce n’est pas l’histoire du siècle et que l’on pourrait passer à autre chose. Eh bien sachez que je suis tout à fait d’accord. D’autant que mon rapport avec les célébrités n’est pas particulièrement exemplaire. Outre celle dont j’ai capté le sourire, j’ai dû en croiser un certain nombre la semaine dernière sans m’en apercevoir. J’ai même à ma plus grande honte, assisté au show d’un DJ mondialement connu en étant convaincu qu’il s’agissait de l’animateur d’une boîte de nuit du coin recruté pour l’occasion. Pour ma défense, mes goûts musicaux sont très éloignés des sons qu’il mixait avec dextérité. Mon truc c’est plutôt le blues rock à l’ancienne. Ça peut faire pas mal de bruit aussi, mais les mélodies sonnent mieux à mes oreilles et surtout à mon cœur. Au point que dans l’enthousiasme d’un lendemain de concert, il m’est arrivé il y a quelque temps de féliciter une artiste par l’entremise d’un réseau social. Que n’avais-je pas fait ! Depuis, cette jeune virtuose de la guitare électrique – ou plutôt son community manager – m’abreuve de messages pour me demander comment je vais ce matin et m’inviter à rejoindre son groupe privé. Tout cela est très gentil mais, sans aller jusqu’à parler de harcèlement, c’est un peu embarrassant. Comment lui dire que ce n’est pas parce que j’ai aimé un concert que je suis devenu un dévot ? De peur de vexer, je préfère le silence. Ce n’est pas très tendance. Mais plus élégant.