24 février 2025
c’est mon anniversaire aujourd’hui. merci, c’est gentil, mais ce n’est pas le sujet. j’ai en effet appris que si j’étais né le même jour mais quelques années plus tard, autrement dit si j’appartenais à la gen z, c’est ainsi que je vous écrirais. sans majuscule. parce que je trouverais qu’elles donnent un « ton trop sérieux à certains textes ». et que les minuscules sont plus jolies. Mais vous avez de la chance – et moi aussi d’une certaine manière — car je fais partie de l’un de ces arriérés qui s’accrochent à ces vieilleries typographiques comme des chauves-souris à des branches pourries. J’ai découvert cette info dans le magazine Slate et je dois avouer qu’elle m’a quelque peu déstabilisée. Oh, je vous accorde qu’il ne s’agit là que d’une broutille au regard des nuages qui s’accumulent sur notre avenir. J’aurais pu me contenter de m’en moquer mais vous me connaissez, je ne suis pas comme ça. Enfin pas toujours. C’est ainsi que j’ai appris que ces minuscules si mignonnes ont été inventées par les moines copistes au VIIIème siècle pour gagner de la place et de l’encre. Cela se passait donc pendant le règne de Charlemagne dont la réputation auprès des écoliers n’avait pas besoin de ça. L’objectif était cependant louable puisqu’il s’agissait de faire des économies de papier à une époque où celui-ci était encore plus rare qu’il ne l’est aujourd’hui. Ce qui me permet de m’étonner que dans l’article sus cité, nul des Z interrogés n’avance d’arguments écologiques pour justifier leur rejet des capitales. Il y a pourtant des chances que ces grosses lettres consomment plus d’électricité que les modestes bas-de-casse, ainsi que les nomment les typographes. Et puis tant qu’on y est, on pourrait aussi s’attaquer à la ponctuation dont on peut se demander si toutes les subtilités sont bien nécessaires. Car après tout qui a besoin de points-virgules – ou de tirets – à part moi ? L’un des bouquins qui a le plus marqué mon adolescence s’appelait 1984. Cette date était encore dans le futur quand je l’ai lu et le monde totalitaire que Orwell avait imaginé en 1948 me paraissait alors aussi implacable qu’improbable. Comment une société dont l’un des slogans était « le passé n’existe pas » était-elle possible ? Et parler en novlangue ?