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Bon don

Ce week-end, j’ai fait un don. Pas de ma personne elle n’en vaut pas la peine, juste de quelques dizaines d’euros à l’Unicef. Rien de particulièrement héroïque ou de remarquable dans ce geste, presque le contraire tellement c’est simple. Alors que je paressais dans mon salon en scrollant sur Instagram tout en sirotant un café, mon attention est interpellée par une annonce me sollicitant pour les enfants de Gaza. Je clique et en moins de trois minutes j’ai fait ma bonne action sans avoir bougé de mon canapé, en payant d’une simple double impulsion sur le bouton de mon téléphone. L’opération, si l’on peut l’appeler ainsi, a été tellement rapide que j’en ai presque eu un vertige. Au point d’effacer le soupçon de bonne conscience que je cherchais – entre autres — à m’acheter en accomplissant cette action. Ce n’est certes pas la première fois que je contribue financièrement à des organisations caritatives. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai ainsi quelques prélèvements automatiques mensuels au profit de l’une ou l’autre de ces associations et il m’arrive de donner pour aider après certaines catastrophes naturelles ou non. Mais jusqu’à présent, je réagissais à des mails ou alors j’étais sollicité par un gamin logotypé dans la rue. À ce propos, je me suis aperçu que ces équipes ont manifestement des consignes sur le profil des « clients », selon les organismes qu’ils représentent. Je suis ainsi récemment passé plusieurs fois devant un groupe dont aucun des membres n’a cherché à m’arrêter dans ma course alors qu’ils tentaient d’intéresser des passants beaucoup plus jeunes que moi. Le paradoxe de l’histoire, c’est que sur les réseaux sociaux, c’est le contraire. À peine avais-je reçu le mail de confirmation de ma paresseuse générosité que les appels de toute nature pour toutes les causes humanitaires possibles s’intercalaient entre les posts. Un flot d’images et de mots susceptible de faire monter en flèche mon taux de culpabilité, lequel est déjà passablement élevé. Que faire face à un tel afflux ? Impossible de répondre à tout le monde tout comme de les ignorer tous. Impuissant, j’ai lâchement fermé l’application et repris une activité sinon normale, en tout cas différente. Preuve s’il en était besoin que ce n’est pas si facile de s’acheter une bonne conscience. Même en un clic.