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Bavardages verticaux

1 avril 2025

C’est curieux comme il y a des annonces auxquelles tu t’attends et qui te font sourire même quand c’est une mauvaise nouvelle. Comme la semaine dernière, lorsque tout juste installé dans un TER pour un très court trajet, une voix doucereuse a prévenu les voyageurs qu’en raison d’un problème de trafic, le train était immobilisé en gare pour une durée indéterminée. Le tout suivi d’une phrase d’excuse, d’un appel à la compréhension et de consignes de sécurité d’autant plus inutiles que nous étions toujours à quai. N’étant pas particulièrement pressé, j’ai pu prendre cette nouvelle avec le détachement du vacancier dans le sens du départ. D’autant que je dois avouer une certaine inclinaison pour ces voix synthétiques, presque tout le temps féminines. Mes préférées sont celles des ascenseurs. J’ai renoué avec elles lors de mon escapade méridionale. Dans le premier hôtel, c’est moins le ton que la forme des annonces qui m’a intrigué. Ainsi, à peine dans la cabine, la voix prévenait que les portes « allaient » se fermer. Puis que nous « allions » monter et ainsi de suite. Une sorte de teaser qui aurait presque fait un thriller de ce voyage s’il ne se terminait pas toujours de la même manière. Au quatrième étage où les portes « allaient » s’ouvrir. Dans le deuxième établissement, la syntaxe autant que la temporalité étaient radicalement différentes. Ici, les portes étaient « en fermeture » ou « en ouverture » tandis que la cabine était « en montée ». Aucun doute, juste la froide constatation d’un fait. Pourtant, une fois à destination, l’annonce de l’étage se terminait sur une note légèrement interrogative. Un soupçon de suspense heureusement levé sans délai. Je me doute que pour ceux d’entre vous qui empruntent quotidiennement ces véhicules verticaux à la maison ou au travail, de telles considérations sont parfaitement inintéressantes. Mais pour les gens qui comme moi ne changent de niveau que sur des escaliers aphones, ces annonces automatiques restent une amusante curiosité. J’avoue que je ne peux m’empêcher – lorsqu’il n’y a pas d’autres témoins que ma femme – d’y répondre ou de les commenter. Oui, je sais parfaitement que ces avertissements ne me sont pas destinés mais qu’ils sont essentiels pour ceux qui n’ont pas la chance de voir où ils vont. À vrai dire, bien qu’ayant une assez bonne vue, je ne suis pas très sûr de là où nous allons, en descente ou en montée. Ni sur quoi les portes vont s’ouvrir. Et ce ne sont pas les voix – féminines ou non – que j’entends ces derniers temps qui sont de nature à me rassurer.