Longtemps je fus faible. Non comme un Premier ministre qui, je l’ai appris ce matin, se décrit comme « le plus faible de la cinquième République ». Ma faiblesse est d’un autre ordre mais pas sans conséquences. Car il fut un temps, celui ou vous achetiez des objets de valeur dans des magasins, où au moment de passer en caisse, le vendeur vous proposait une assurance pour garantir le bel appareil photo, le téléphone portable ou la caméra vidéo miniature. Et c’est à cet instant que ma faiblesse se manifestait, cédant face au bagout du commercial, bien que peu convaincu. C’est ainsi qu’au fil des années, ces polices se sont accumulées, continuant à courir – et à coûter — longtemps après que ces appareils ont rejoint le fond de sombres tiroirs quand ils n’ont pas été tout simplement bazardés. D’où la nécessité de faire le ménage de temps à autre, comme hier lorsque j’ai reçu l’avis d’une société me protégeant, non pas contre la perte ou la casse d’un éplucheur de saucisson laser acquis sur un coup de tête il y a trente ans, mais contre les conséquences de fuites d’eau dans les canalisations se situant entre ma maison et le réseau municipal. Après avoir vainement cherché à me désabonner en ligne de ce service inutile, je me suis résolu à décrocher mon smartphone. Illico, une voix saccadée me répond : « Bonjour, je m’appelle Sophie et je vais vous accompagner dans votre démarche ». « Sophie ? Mais qui t’a donné ce nom ? », ne puis-je m’empêcher de m’exclamer en mon fors intérieur. Quel ingénieur naïf a pu croire une seconde que cela te rendrait plus crédible ? Ignorant mes doutes, « Sophie », me propose alors de formuler ma demande. « Je veux résilier mon contrat » énonçais-je aussi clairement que possible. Pas assez cependant puisque la machine réplique qu’il me faut recommencer, précisant que je ne dois prononcer qu’un seul mot pour qu’elle comprenne. Ce doit donc être un robot conversationnel de la première génération, contemporain du Hal 9000 de « 2001 l’Odyssée de l’Espace ». Si ça se trouve, elle s’appelle Alcatel. Je me contente donc d’un simple « résiliation » pour que ma requête soit enfin prise en compte. Et qu’au bout de longues minutes d’attente en musique, une autre voix – Charlotte ? Caroline ? Elle ne s’est pas présentée – m’informe qu’en raison d’un encombrement des lignes, je devrais renouveler mon appel. Ce que j’ai fait, sans succès à ce jour. Mais je serai fort, j’y arriverai. Avant ou après que l’on ait un gouvernement.

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Frédéric Roy
Ancien directeur de la rédaction de CB News disposant de beaucoup de temps après avoir longtemps couru derrière. J'écris tous les jours pour mon plaisir et, autant que possible, pour le vôtre.