5 juin 2024
Ne vous inquiétez surtout pas de la phrase qui va suivre. Je suis atteint d’une forme légère d’une affection aussi bénigne qu’incurable. Elle s’appelle le « Guitar Acquisition Syndrome » plus couramment appelé par son acronyme, GAS. Je vois se dessiner un sourire sur votre visage mais c’est tout à fait sérieux. Le syndrome se manifeste, comme vous pouvez vous en douter, par l’achat compulsif de guitares. Certains sujets peuvent être atteints à des niveaux exceptionnels comme le bluesman Joe Bonamassa qui en possède plus de 800. Ce qui me rassure, car je suis aujourd’hui le très modeste propriétaire de trois instruments… fonctionnels et de trois autres qui sont essentiellement décoratifs. Oui, comme les fumeurs j’ai tendance à minorer ma consommation. Mais je me soigne. La preuve, j’en ai vendu récemment plusieurs. Alors, où est le problème ? Dans le fait que si je m’en suis séparé, c’est pour pouvoir reconstituer le cheptel. L’améliorer. Et si je vous parle ainsi de mes dérives mentales, ce n’est pas pour vous appeler à l’aide (« Je contrôle très bien ma consommation ! ») mais parce qu’hier, alors que je finissais de déjeuner avec mon ami Olivier Roller, l’auteur des portraits de CB News depuis des années qui m’a fait l’immense plaisir de me photographier pour illustrer les Daily Texts, j’ai fait un détour par une boutique de musique. Nous étions en effet dans le quartier de Pigalle qui héberge l’essentiel des magasins spécialisés de Paris, lesquels semblent avoir plutôt bien résisté à l’assaut du commerce en ligne. Or donc, tout au besoin d’assouvir ma passion je suis entré dans l’une des maisons les plus prestigieuses de la place dont l’accueil m’avait pourtant laissé un souvenir plus que mitigé. Mais c’était avant qu’internet ne concurrence durement le commerce physique, me suis-je dit, et la prise de conscience de l’expérience client a dû passer par là. Eh bien pas du tout. J’ai cru un instant que la climatisation était à fond tant l’accueil fut glacial. Ce qui ne m’a pas empêché d’essayer une merveille et d’en tomber amoureux. Mais j’ai gardé ma carte de paiement au chaud. Non que je sois guéri mais je l’achèterai en ligne. Et si j’ai une question, l’IA ne sera pas moins chaleureuse que le vendeur en chair et en os. Je ne suis pas le seul à être malade.