11 mars 2025
Depuis quelques jours, mon jardin se couvre de petites fleurs aux pétales mauves. C’est très joli, cela annonce le printemps. Mais c’est un peu perturbant. Car ces anémones ont été plantées il y a deux ou trois ans dans un carré dont elles sont sorties pour envahir l’ensemble de la pelouse. Je ne vais pas prétendre que je suis inquiet étant donné le peu de temps et d’énergie que je consacre au jardinage. Mais je suis intrigué. Un peu comme sur ces réseaux sur lesquels j’ai l’impression que le passé est de plus en plus présent. Et je ne parle pas de 1939. Au passage, il me semble que la référence est douteuse tant sur le plan historique que géopolitique. Non, mon interrogation est beaucoup plus triviale. Je vois de plus en plus souvent des photos émanant de comptes ou de sites nostalgiques apparaître sur mes fils sociaux. Un jour ce sont des autobus à plateforme, un autre une vue des grands boulevards dans les années 60 ou une rame de métro verte et rouge. Ça n’arrête pas. Je suppose que c’est le résultat du travail des algorithmes qui réagissent à mes likes et partages. Pourtant, je résiste. En tout cas j’essaye, car je ne peux nier que nombre de ces souvenirs me touchent – voire me remuent pour certains — je ne veux pas verser dans le passéisme. D’ailleurs j’observe que dans la plupart des cas, les commentaires au bas de ces posts brodent sur le thème du c’était mieux avant. Alors que non. En tout cas pas en tout, loin de là. Le seul avantage définitif du passé sur le présent, c’est que nous étions plus jeunes. Et encore. Mais trêve de balivernes et autres billevesées, soyons de notre temps, que diantre ! Le futur est certes incertain, diront les plus craintifs, mais ne l’est-il pas par essence, leur répondrai-je me sentant décidément très philosophe ce matin. Et puis, comme s’en étaient aperçus d’autres autrement fameux et intelligents que moi, tout cela est très relatif. Sur l’autre plateforme que je fréquente régulièrement et vous aussi puisque vous me lisez, je me suis aperçu qu’une bonne partie des infos qui m’étaient proposées dataient. Pas d’époques immémoriales, mais de quelques jours ou semaines. J’ai beau demander que le tri soit fait sur la base des messages les plus récents, rien n’y fait. Je vois revenir des annonces de promotion pour lesquelles j’ai déjà adressé mes félicitations, des lauréats de prix professionnels qui doivent déjà prendre la poussière sur quelque étagère ou des invitations à des événements terminés depuis longtemps. Un peu comme si le passé envahissait le présent, tel des anémones invasives. En moins joli.