5 juin 2025
Je n’aime pas trop raconter mes rêves. D’une part ils sont rarement suffisamment intéressants pour être exposés en public, mais surtout parce que cela me semble être un exercice assez impudique. Mais là, je me sens un peu obligé de vous révéler mes divagations nocturnes parce que vous êtes tous concernés. Oui, vous lecteurs. Qui que vous soyez. Ne vous inquiétez pas, rien de scabreux ou de dangereux, non, mais ce n’est pas simple pour autant. C’est qu’il s’agit de l’un de ces songes qui sont difficiles à classifier quand vient le moment de faire le bilan de la nuit, à l’heure du premier café. Pas vraiment un cauchemar. Ce qui en serait un c’est la photo qu’un ami a postée ce matin d’un type dont la passion est de s’accrocher au-dessus du vide. On y voit le garçon souriant tenir d’une main la rambarde d’un immeuble qui pourrait être dans le quartier de La Défense. L’horreur pure. Mais ce n’était pas non plus un de ces contes qui te fait regretter que tu sois dans ta cuisine par une matinée si grise qu’il est difficile de définir dans quelle saison tu t’es réveillé. On pourrait appeler ça un « caucherêve ». Un peu comme si tu étais invité à la Maison Blanche, partagé entre l’honneur que l’on te fait et la perspective de devoir passer un quart d’heure particulièrement pénible dans le bureau ovale. Le pitch de cette nuit est un peu plus terre à terre. J’avais trouvé du travail. Ou plutôt, le travail m’avait trouvé puisque l’on me proposait un poste visiblement assez enviable et probablement bien payé sans que je n’en sache plus. J’étais naturellement content mais il y avait quand même un problème : comment allais-je continuer à écrire mes Daily Texts ? Mon interlocuteur chimérique semblait n’en avoir cure compte tenu de l’avantageuse position qu’il m’offrait. Mais cela compliquait ma réponse. Quelle fut-elle ? Je ne le saurai jamais et vous non plus, puisque c’est à cet instant que mon inconscient décida de mettre fin à cette histoire absurde. Car il n’est absolument pas question que je retourne dans le monde du travail. Il n’a pas besoin de moi et pas plus que moi de lui. Et puis, mon boulot, c’est celui que je suis en train de faire à l’instant et s’il ne me rapporte pas d’argent, il me procure beaucoup de satisfaction. Cela ne sert à rien pour payer sa baguette mais je ne mange plus de pain depuis longtemps. Et puis, c’est un vrai travail. La preuve : j’en rêve.