23 mai 2025
À propos de catastrophe maritime, je vous faisais part hier de l’éphémère carrière d’une embarcation portant mon surnom, mais je ne peux m’empêcher d’évoquer l’étrange accident du week-end dernier. Vous n’avez pas pu rater cet immense voilier percutant le pont de Brooklyn. Dans un premier temps, j’ai songé à un pari aussi stupide que raté. À la manière de ces aviateurs qui tentent de passer sous la tour Eiffel ou le viaduc de Millau. Mais non, en regardant les images, on voit que le navire frappe la culée du pont en marche arrière. Il n’empêche que si le bilan n’était pas aussi dramatique – et relativement inexplicable – il y aurait de quoi rire. Ou de faire un film. J’ai déjà quelques idées de titre : « Un pont trop bas », « Next Exit Brooklyn » ou « Little Big Boat ». On pourrait mettre Tom Cruise en sauveteur sautant à moto d’un hélicoptère pour descendre en rappel le long du mat avant qu’il ne se brise. Le mat, pas Tom. J’ai eu l’impression de passer ma semaine avec lui, tant il était omniprésent pour la promo de sa dernière (vraiment ?) mission improbable. En réalité, entre les clips d’info vidéo et les images postées par un certain nombre de mes amis sociaux depuis les marches du Palais des Festivals, c’est comme si j’avais passé ces derniers jours à Cannes. Épuisant. Je ne suis allé qu’une fois à cette fête du cinéma. C’était il y a très longtemps, j’étais invité par une marque qui n’avait rien à y faire mais voulait se faire mousser, comme beaucoup d’autres. Je n’avais rien vu d’intéressant – ni stars, ni films — je m’étais ennuyé et j’étais rentré fatigué et furieux d’avoir perdu mon temps. J’avoue que bien qu’étant assez cinéphile, je ne suis guère fasciné par le décorum et l’agitation de ce genre de manifestation. Je suis plutôt le type qui ne reconnaît pas les célébrités dans la rue et je ne consacrerai jamais une minute de ma vie à guetter des gens connus monter des marches sur un tapis, fut-il rouge. Et puis, cet escalier mythique, je le vois tous les ans au mois de juin, toujours revêtu de carmin mais vide de célébrités. Ce qui n’empêche pas les touristes de s’y auto photographier. Mon festival, vous le savez, c’est celui au cours duquel les gens de la publicité se distribuent des Lions. Ce n’est certes pas beaucoup plus intéressant que des Palmes, mais je comprends mieux les règles du jeu et je connais une bonne partie des acteurs. De là aussi, je rentre épuisé par une semaine intense. Au moins je n’y perds pas mon temps.