19 mai 2025
Je suis roumain. Et ça ne date pas de ce matin. Cette phrase n’est donc pas une proclamation de solidarité à l’égard d’un peuple qui n’en a pas besoin, c’est la simple conséquence du fait que mes grands-parents maternels venaient de ce pays avant d’arriver en France, au début du siècle dernier, fuyant les pogroms antisémites fort courant à cette époque dans cette région du monde. Je suppose que quand on fait ma connaissance cet aspect de mes origines ne saute pas aux yeux, en tout cas beaucoup moins que ma partie haïtienne. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me refuserai toujours à effectuer ces tests ADN supposés déterminer l’origine géographique de ses ancêtres. Non seulement parce que c’est illégal et sévèrement puni – 3 750 euros d’amende quand même – mais parce que ce que je connais de ma généalogie est déjà suffisamment compliqué comme ça. Et puis je n’ai jamais visité les pays d’origine de mes aïeux, alors s’il fallait rajouter quelques autres improbables contrées, je ne m’en sortirais pas. En ce qui concerne Haïti, j’avoue ne pas avoir eu jusqu’à présent, le courage d’affronter la désolation dans lequel ce pays est plongé. C’est naturellement différent pour la Roumanie qui n’est certes pas riche, mais à propos de laquelle je dois confesser un manque coupable de curiosité. Je suis absolument certain d’avoir tort. Pour ma défense, contrairement à Haïti dont mon père, ma famille et ses amis m’ont souvent décrit la beauté, j’étais trop jeune quand ma grand-mère nous a quittés pour avoir des souvenirs de ce qu’elle a pu me dire de son pays natal. Lequel a quand même passé un XXème siècle particulièrement agité et nous a fait peur jusqu’à la nuit dernière. En voyant passer les informations à ce sujet ces derniers jours, je suppose que je ne suis pas le seul à m’être résigné à voir le candidat d’extrême droite pro russe devenir président de ce pays membre de l’UE. Avec toutes les conséquences désagréables que l’on peut imaginer en ces temps qui n’ont pas besoin de ça. Et puis non, quelques minutes avant de me coucher, j’ai appris qu’à la surprise générale, c’est le maire pro-européen de Bucarest, Nicusor Dan, qui l’a largement emporté. De quoi me donner une raison supplémentaire d’aller voir de plus près d’où je viens. Ne reste plus qu’à passer à l’action. Et ça, ce n’est pas gagné. Parce que je suis roumain, haïtien, français, juif et j’en passe. Mais pas besoin de test pour savoir que je suis surtout flemmard.
