16 mai 2025
Quand je range les livres dans ma bibliothèque, je leur parle. Compte tenu de notre désormais longue fréquentation, cet aveu ne devrait pas vous surprendre. Quant à celles ou ceux qui découvriraient pour la première fois mes textes, il leur faudra se faire une raison à ma déraison. Ce préalable établi, je précise que je suis parfaitement conscient du fait qu’il ne s’agit pas d’une conversation avec les bouquins. D’ailleurs je ne les entends pas répondre. Preuve que je ne suis pas – encore – complètement fou. C’est en réalité plutôt aux auteurs que je m’adresse. Pour savoir s’ils seraient d’accord pour que je les installe à côté de tel ou tel de leur confrère. C’est une activité que j’aime particulièrement et à laquelle je m’adonne encore plus fréquemment qu’auparavant, suite à une profonde réorganisation de ma maison. Le problème est que ma méthode de classement, si l’on peut la qualifier ainsi, est à l’image de l’improvisation permanente qui me caractérise. Il serait sans doute plus simple de déterminer un ordre alphabétique, par genre ou par auteur. Cela me permettrait certainement de retrouver rapidement des ouvrages lus il y a longtemps, plutôt que d’essayer de me souvenir quel avait pu être mon raisonnement au moment de déterminer leur emplacement. Mais ce serait intellectuellement trop facile et pratiquement trop fastidieux. Et puis cela aurait un petit air de grande surface de distribution de livres. Il ne manquerait plus que les étiquettes. Déprimant. Je préfère définitivement mon organisation par affinités approximatives. C’est sans fin mais c’est amusant. Le seul rayonnage sur lequel je n’ai guère d’interrogation est celui qui est réservé aux auteurs de ma connaissance. Aucune question mais un problème qui s’aggrave : celui de son extension. Car ces derniers temps chers amis, votre production semble exponentielle. Rien qu’hier, j’ai eu le plaisir de me rendre à deux signatures de romans. Deux soirées fort éloignées géographiquement, organisées dans des lieux très différents mais avec un même accueil chaleureux. On embrasse l’auteur, on essaye de deviner ce qu’il écrit sur la page de garde et on se réjouit de retrouver d’autres amis qui vous annoncent qu’ils préparent un bouquin. Puis, sur le chemin du retour, on se prépare à pousser les rayons pour faire de la place aux petits nouveaux. Mais on ne leur parlera qu’après les avoir lus. En silence.
PS : Je ne vous dirai rien des dédicaces mais je vous recommande les livres : L’Émeraude de Levallois, de Pierre Berville, aux éditions Télémaque, et la Fabrique des Timidités, de Christophe Perruchas, aux éditions du Rouergue.