25 avril 2025
Hello, il y a quelqu’un ? Vous êtes là ? Non, je vous demande ça parce que quand je sors j’ai l’impression d’être dans Le Survivant, ce vieux film dans lequel Charlton Heston se balade dans LA désertée après une quelconque mais radicale catastrophe. Je crois qu’il y a eu d’autres adaptations du roman « Je suis une légende » dont une avec Will Smith. Mais j’ai une faiblesse pour celle des années 70 que j’avais découverte à la télévision en noir et blanc. La scène du héros solitaire piquant une Ford Mustang cabriolet dans un show-room dont il pulvérise la vitre pour sortir a marqué à vie mon imagination de « Car Guy », disent les initiés (qui utilisent aussi le vocable de « Petrolhead », mais j’aime moins, allez savoir pourquoi). Et puis aussi déplorable fut son engagement dans la National Riffle Association de triste réputation, Heston était quand même une gueule hollywoodienne inimitable. Je m’emballe un peu et je dois reconnaître que ma discrète et opulente banlieue est assez calme en toutes circonstances. Mais depuis quelques jours les trottoirs comme les chaussées sont particulièrement dégagés. À défaut de me permettre de rouler à tombeau ouvert – fantasme qui m’a un peu passé – je me disais que cela pourrait servir de terrain d’expérimentation à l’auto autonome. Laquelle fonctionne selon le principe exactement inverse du film susmentionné puisqu’il s’agit de rouler lentement dans des cités encombrées de toutes sortes de véhicules et de quidams. Or ce sont justement ces derniers qui, ai-je appris ce matin en écoutant la radio, posent un problème. Car si aucun détail de l’environnement n’échappe à ces intelligentes machines, elles ne le comprennent visiblement pas. Ce sont des chercheurs de l’université américaine John Hopkins qui ont découvert cette « lacune majeure » qu’est l’incapacité de l’IA à interpréter les interactions sociales. Parce que lorsque nous autres êtres humains conduisons, nous ne nous concentrons pas uniquement sur la circulation mais également sur l’entour. Ainsi pouvons-nous anticiper le mouvement d’un piéton s’apprêtant à traverser après avoir été hélé par un – ou une — autre. Ou deviner qu’un enfant en colère risque d’avoir un comportement erratique, nous incitant à la prudence. Autant de signes que les connexions neuronales artificielles ne perçoivent pas. Inutile de vous détailler les possibles autant que funestes conséquences de cette regrettable insensibilité. Mon inébranlable foi dans la science me porte cependant à croire que tout ceci sera réglé un jour. Et que ces sensibles véhicules sauront compatir au spleen du lundi matin. Plus besoin d’aller chez le psy, on s’allongera sur la banquette arrière et tout ira bien. Même pour ceux qui ont un moteur à pistons dans la tête ?