Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Sans fil

16 avril 2025

J’ai un petit coup de blues. Oh, rien de bien grave mais quand même. Le moral ressemble un peu au ciel parisien du matin : un gris clair qui ne s’accorde finalement pas si mal avec le bleu de l’âme. J’évacue tout de suite les interrogations liées à l’actualité, le président fou n’y est pour rien, le Premier ministre paresseux non plus, pas plus que ses opposants. Bref, rien à voir ou presque avec l’actualité. Quoique. Ce qui m’afflige depuis hier est l’annonce par la société Netvibes de la fermeture prochaine de son agrégateur de fils RSS. Dit comme ça, cela ne fera ni chaud ni froid à la plupart de mes lecteurs, voire à la totalité. Je vais donc essayer d’être plus explicite. Il s’agit d’une sorte de tableau de bord entièrement personnalisable qui permet de suivre en temps réels les publications de la plupart des sites d’information. Pour ceux qui s’en souviennent, cela fonctionne comme feu Google Reader. C’est justement lorsque ce service a fermé sous la pression des éditeurs de presse que j’ai découvert cette alternative qui, contrairement à ce que son nom semble indiquer, est parfaitement française. Elle a été créée il y a 20 ans par un dénommé Tariq Krim et appartient aujourd’hui à Dassault Systèmes. C’est donc cette honorable société qui m’a informé par mail de cette fermeture, m’invitant à sauvegarder ce qui était possible avant la date fatidique du 2 juin 2025. Or il se trouve que cette page est celle qui m’accueille à chaque fois que je me connecte à Internet depuis de très nombreuses années. Ce n’est pas seulement ma porte d’entrée vers le web mais surtout celle qui s’ouvre vers le monde. Avec et sans majuscule. Il n’est nul endroit où j’y ai appris plus d’infos sur tous les sujets qui m’intéressent, de la politique à la musique en passant par les sports mécaniques. Autant vous dire que c’est un peu comme la perspective de perdre un animal de compagnie, un petit être cher même s’il n’est pas fait de chair. Je n’en veux cependant à personne. Je comprends bien que l’entreprise qui exploite ce service tout à fait gratuit a besoin d’argent pour développer d’autres projets. Pour être tout à fait clair, je n’en n’ai jamais compris le modèle économique. D’ailleurs il m’arrive de penser que je suis le seul client, n’ayant jamais eu l’occasion d’en rencontrer d’autres. Ce qui rend encore plus évidente cette cruelle décision. Il ne me reste plus qu’à trouver un substitut qui ne sera qu’un pis-aller. Dans ma jeunesse, un prof de Français m’avait fait découvrir « Jacques le Fataliste » de Diderot. Aussi fantastique et fantasque que fut cet enseignant, je n’ai aucun souvenir du bouquin si ce n’est qu’il y était question de digressions, mais son titre correspond parfaitement à mon état d’esprit. Celui d’un philosophe qui perd son fil.