7 avril 2025
Quel beau lundi mes amis ! Non que j’aie passé un mauvais week-end, tout au contraire, j’en ai rarement connu de plus réjouissant et je ne parle pas seulement du temps. J’ai eu la chance pour la première fois d’exercer une fonction majeure de mon rôle de grand-père en ayant la garde pendant quelques heures de mon petit-fils. J’ai déjà eu l’occasion de vous dire ma totale admiration pour cet enfant dont j’éviterai de détailler les qualités, de peur de ne plus avoir assez de place pour développer mon propos du jour. Cependant, aussi parfait et prometteur soit-il, ce très jeune homme est rempli d’une formidable énergie à même de mettre à genoux ses deux grands-parents. C’est ainsi qu’il se déplace en rampant, s’aidant de ses coudes, tel un GI en plein parcours du combattant. Une reptation qui lui permet d’atteindre des vitesses surprenantes, obligeant ses aïeux à crapahuter derrière pour prévenir tout incident. À ces indéniables capacités sportives, s’ajoute un sens de l’observation aigu. Celui-ci se manifeste lorsque le regard se fixe soudainement, interrompant toute autre activité. Une poussière dans la lumière du soleil, un feuillage qui s’agite ou tout autre objet procure cette pause bienvenue qui suscite des commentaires formulés dans ce babillage cryptique propre à sa génération. Il est vrai que la bibliothèque chargée de bibelots de toutes sortes a de quoi l’interpeller. Des figurines de bandes dessinées côtoient des paquebots, des autorails et bien sûr quelques autos. Mais deux objets semblent plus particulièrement le captiver. Une petite statuette ramenée du Japon représentant un personnage au sourire béat dont la tête et les bras s’agitent dès qu’ils sont exposés au soleil. Nous l’avons baptisé Marvin pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer ici. Sa grosse tête barrée d’un sourire béat, dodeline doucement à côté d’une autre poupée qui porte le nom d’Obama. Pas besoin d’explication pour celle-ci. C’est bien le 44ème président des États-Unis qui sourit tout aussi béatement à travers le plastique de la boîte dont il n’est jamais sorti depuis que ma fille nous l’a offert. Une posture figée et silencieuse qui ressemble un peu trop à celle de son modèle. Parce qu’il n’y a plus vraiment de quoi sourire. Et qu’il serait temps de sortir du silence.