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Marques rouges

13 mars 2025

Dis donc, j’ai vraiment la tête dure. Ce n’est pas une image. Simplement, hier soir en me regardant dans le miroir de la salle de bains, j’ai aperçu deux marques rouges sur le devant de mon crâne quelque peu dégarni. Un peu étonné, j’ai rapidement compris qu’il s’agissait des empreintes laissées par les barres de soutien des étalages du marché. Dimanche dernier, désorienté par la réorganisation de ce lieu que je fréquente pourtant hebdomadairement, je me suis cogné deux fois l’occiput provoquant une douleur aussi fulgurante que fugitive. Affligé d’une taille légèrement au-dessus de la norme, ce genre de désagrément m’arrive assez couramment et j’ai tendance à les oublier. Mais il me semble que c’est la première fois que je constate visuellement les dégâts. Rien de grave, on ne voit pas le cerveau à travers l’ouverture, ce qui n’est peut-être pas surprenant. Mais voilà que j’hésite à aller chez le coiffeur, raison pour laquelle j’avais observé plus attentivement que d’habitude le haut de ma tête. Parce qu’évidemment, moins il y a de cheveux, plus les traces du choc seront visibles. Cela m’a fait repenser à un échange que je venais d’avoir à la suite de mon texte d’hier. Un ami s’étonnait du fait que j’ai porté une afro dans ma jeunesse et me demandait des photos. En ayant déjà publié une il y a longtemps sur un autre réseau social, je n’ai eu aucune réticence à la lui montrer – et si cela vous intéresse, elle est ici. Il m’a cependant fallu scroller longtemps vers le bas pour retrouver ce cliché repassant ainsi devant la masse insensée d’images publiées depuis 15 ans. Des amis, des connaissances, des événements importants ou futiles, des lieux, des autos et j’en passe. Mais surtout un nombre stupéfiant de bêtises, photomontages approximatifs et autres dessins idiots. Je pourrais m’en affliger et les supprimer mais après tout, ces plaisanteries foireuses représentent aussi ce que je suis et l’idée d’altérer le passé pour le remettre aux normes du présent me dérange. À ce propos, je suis tombé hier sur une info selon laquelle les archives relatives au bombardier B29 ayant largué la bombe atomique sur Hiroshima il y aura 80 ans dans deux mois, avaient disparu des bases de données du Pentagone. Ce n’est pas à cause d’une plainte de la famille de l’un des membres d’équipage ou de remords tardifs de l’armée. Juste la conséquence de la décision du président des États-Unis de supprimer toute trace de contenus numériques faisant la promotion de la diversité dans l’armée. L’avion s’appelait Enola Gay, le prénom de la mère du pilote, Paul Tibbets. Mais ça, le logiciel éradicateur gouvernemental ne le savait pas. En apprenant cela, je suis encore tombé sur la tête. Ça ne se voit pas dans la glace mais ça fait quand même mal.