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Signal de retour

6 mars 2025

Un soir, mon fils est rentré de l’école en affirmant qu’il avait été « agressé » par des cygnes. Il est vrai que quelques-uns de ces grands oiseaux blancs s’étaient installés non loin de notre maison qui a la chance d’être bordée par une rivière – et non d’un lac malgré le sujet du jour. Il est également vrai que pour être très beaux et majestueux, ces volatiles ne sont pas d’un abord facile. Néanmoins sa mère et moi avions estimé que décidément notre petit garçon avait de grands talents de conteur et nous en avions souri. Jusqu’au jour où, voulant rentrer chez moi, je me suis trouvé face à l’un de ces individus, ou plutôt l’une. Une cygnesse donc accompagnée de ses petits cygneaux qui, en bonne mère protectrice avait défini un périmètre de sécurité à l’intérieur duquel elle n’entendait voir personne pénétrer sous peine de cris perçants et de menaces du bec. Et comme la porte de mon jardin se trouvait dans ledit périmètre, la situation était quelque peu tendue. Du haut de mon presque double mètre, armé du sac que j’avais à la main, j’avais fini par forcer le passage malgré les battements d’ailes et les sifflements de colère – et certainement de peur — de la maman. Aussi avais-je révisé mon jugement sur l’incident dont nous avait fait part mon fils qui ne m’avait pas encore dépassé en taille et avait donc dû voir la situation de manière autrement angoissante. C’était au siècle dernier, depuis ma progéniture a quitté la maison, mais les cygnes sont de retour après avoir disparu pendant des années. Pourquoi étaient-ils partis, pourquoi sont-ils revenus, sont-ce les enfants de ceux qui ont terrorisé le mien ? Aucune idée mais je suis content de les revoir. Plus que leur ramage ou leur plumage, c’est leur cou qui me fascine. Il est tellement souple et mobile qu’on pourrait croire qu’il est un animal à part entière. Une sorte de serpent blanc indépendant. Je délire un peu, certes. Mais pas autant que cette start-up dont les scientifiques ont modifié génétiquement des souris pour leur faire pousser de longs poils laineux. Le but n’est pas esthétique ou économique – comme de tricoter des pulls en poils de souris — mais assez apocalyptique. Il s’agit en effet des premiers essais avant d’appliquer la méthode sur des éléphants d’Asie pour les transformer en mammouths. Avant même de parler d’éthique, je me demande s’il est bien nécessaire et raisonnable de ressusciter des bêtes du fond des âges. Et comme j’ai décidé ce matin de ne pas parler de qui vous savez, n’y voyez aucun signe.