20 février 2025
Qu’est-ce qu’on se marre ! Quand j’écris cette phrase, je ne peux m’empêcher de repenser à la scène de Jean-Paul Belmondo vers la fin des « Acteurs », le film de Bertrand Blier. Sous l’œil glacial d’un Albert Dupontel sanglé dans un imper gestapique à la tête d’un peloton d’exécution, Bebel ne cesse de répéter « Qu’est-ce que je me suis marré » avec cette gouaille inimitable et communicative. Sauf au représentant de ce qui semble être une dictature anti-acteurs qui finit par l’exécuter. Je spoile pour ceux qui ne l’ont pas vu mais il n’y a pas de suspense, juste une formidable performance dramatique. Quand je scrolle sur les réseaux sociaux, j’ai cette même sensation de rire désespéré. Entre les cartes du monde dans lesquelles l’océan Atlantique est renommé Golfe de Bretagne ou Baie du Mont Saint Michel ou les diverses caricatures et jeux de mots – parfois brillants – j’ai plus souvent le sourire que l’inverse. Une mimique inquiète vous vous en doutez. Un peu comme celle qu’on dut avoir les employés de Tesla qui ont affiché sur une fenêtre de leur entreprise un petit message : « We hate him too ». Courageux. Presque autant que les conducteurs de ces autos qui pensaient faire un geste pour la planète et doivent aujourd’hui rester stoïques au feu rouge pour échapper au regard ironique de leurs voisins d’embouteillage. Je refuse de me joindre à cette curée. J’avais bien envisagé de proposer à la mairie de Paris de profiter de l’ouverture de la file de gauche du périphérique au seul covoiturage pour réserver celle de droite aux autos d’Elon, mais j’y ai renoncé. D’ailleurs quelle alternative électrique auraient-ils s’ils choisissaient de quitter ce T désormais embarrassant. Porsche ? Allons, soyons sérieux ! Tonton Ferdinand a frôlé la tendinite à force de tendre son bras droit. Ce qui exclut aussi Volkswagen dont nous connaissons tous l’origine. Ford peut-être ? Oui mais voilà, Henry était tellement antisémite qu’il a été fait Grand-Croix de l’ordre de l’Aigle allemand en 1938. Ce grand industriel de l’automobile, visionnaire et créatif, qui était à l’époque l’homme le plus riche du monde, fut aussi un membre influent du comité America First qui militait pour l’isolationnisme des États-Unis. Et naturellement, il détestait les syndicats et fustigeait l’administration fédérale accusée de dilapider l’argent des contribuables. Amusant non ?
