6 février 2025
C’est plus fort que moi et ça ne date pas d’hier. Quand je vois sur un t-shirt, un mug ou quelque objet de cette nature, une inscription dans une langue que je ne comprends pas, j’imagine toujours qu’il peut y avoir écrit « Merde à celui qui lira ». Ça doit être ce petit côté Joker dont je vous parlais récemment. À moins qu’en dépit des apparences, je n’aie pas tant grandi que cela. D’ailleurs je crois que si je vivais dans un pays dans lequel je serais sûr que personne ne comprend le Français, je ne pourrais pas me retenir. Mais tout ceci n’est que fiction et galéjades. Enfin presque car cette semaine, au cours de mon zapping nocturne, j’ai découvert un intéressant documentaire à propos de l’histoire des Indiens à Hollywood, aussi bien devant que derrière la caméra. Je ne veux pas en rajouter dans la déprime de cette journée brumeuse, mais autant vous dire que ce n’est pas une histoire drôle du tout. Entre les scenarii qui travestissaient l’histoire de leur peuple et les humiliations qu’ils subissaient sur les plateaux, il fallait avoir une sacrée passion pour le cinéma pour supporter tout cela. Certaines choses sautent aux yeux, à l’image des comédiens blancs grimés en peau rouge. D’autre moins. Comme ces acteurs indiens qui, lorsqu’ils avaient une scène dans laquelle ils devaient parler dans leur langue, se faisaient un plaisir de débiter des torrents d’injures que personne d’autre ne comprenait sur le plateau. Ainsi au lieu de dire : « Mon peuple demande la paix », comme l’indiquaient les sous-titres, le grand chef Comanche ou l’Apache disait en réalité « Espèce de fils de p***, va te faire *** (de peur de choquer la pudeur des algorithmes, je vous laisse librement remplir les ***). C’était une bien petite vengeance par rapport à ce qu’enduraient ces acteurs mais je suppose qu’elle était assez satisfaisante sur l’instant. Cette faculté de trouver un moyen de rire dans les pires situations est à mes yeux l’une des plus grandes qualités de l’humanité quelle que soit sa religion, sa couleur de peau ou sa situation géographique. L’humour désespéré est parfois un peu bête mais il est très différent des propositions absurdes supposées résoudre des conflits historiques. Quand elle est grave, la connerie n’est pas drôle. Du tout.