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Mauvaise vanne

24 janvier 2025

J’arrive un peu tard aujourd’hui, mais la journée a mal commencé. Alors que l’aube grisâtre de ce jour de tempête se dessinait – j’en fais trop ? – j’allumais la machine à café et attendais, plongé dans mes brumes intérieures, le déclic précédent le grondement de la pompe poussant l’eau à travers la capsule. Autant d’événements qui ne se produisirent pas. Au lieu de quoi, l’engin émit un son qui, produit par un humain, aurait suscité une réprobation dégoûtée. Mais de café point. Désarmé face à cette démission des machines, je fouillais la cuisine à la recherche d’une alternative. Sans succès. Bredouille et dépité, je me résignais à rallumer le percolateur rétif qui par quelques mystères mécaniques produisait ses bruits habituels ainsi que le breuvage que j’attendais depuis de trop longues minutes. Un simple contretemps donc qui ne justifie pas à lui seul l’important retard dans la diffusion du présent texte. Certes, mais il fait partie du problème. Car cet incident est intervenu au lendemain de l’inondation de ma cave à la suite de la démission de la pompe – encore une — censée évacuer les eaux usées par le lave-linge. Je dois avouer que, depuis trop d’années je me contente d’y entasser cartons, caisses et autres rebuts, repoussant toujours l’impératif de rangement. Lequel s’est imposé brutalement en raison de l’humidité néfaste à une grande partie des objets posés sur le sol. Parmi ceux-ci, il y avait une caisse dans laquelle se trouvaient de vieux magazines. Pour une fois il ne s’agissait pas de presse automobile (d’accord, il y en avait aussi) mais d’exemplaires de Fluide Glacial datant des années 80. Pour ceux de mes lecteurs à qui cela aurait échappé, il s’agit d’une publication aujourd’hui cinquantenaire, fondée par l’immense Marcel Gotlib et entièrement dédiée à la BD. Je ne le lis plus depuis si longtemps que je ne préfère pas en parler et retrouver ces vieux exemplaires m’a touché. Et un peu déçu. Les couvertures, dont certaines vaudraient aujourd’hui l’opprobre si ce n’est une fatwa aux éditeurs, sont toujours aussi drôles. Mais la plupart des bandes dessinées ne m’ont tiré au mieux qu’un sourire nostalgique. Et je ne préfère pas savoir si ce sont elles ou moi qui ont vieilli. Ou alors je suis vanné.