20 janvier 2025
Tôt ce matin, alors que l’aube grise pointait à peine, ma montre a vibré. Ce n’est pas complètement inhabituel, notamment les quelques fois où je lui demande de me réveiller, mais cette fois-ci la fréquence du mouvement était celle qui m’indique un nouveau message, lequel vient souvent d’outre-Atlantique pour cause de décalage horaire. Mais pas cette fois-ci. C’était simplement Doctolib qui m’informait gentiment qu’un nouveau créneau s’était ouvert chez un médecin spécialiste que je dois consulter au printemps. J’ai décliné l’offre non sans me faire la réflexion que ce service était décidément bien utile. Ce qui ne l’empêche pas d’être un peu trop insistant quand, à l’approche des rendez-vous il t’en rappelle la date et l’heure avec une insistance quasi maternelle. Il est vrai que j’ai des trous de mémoire. Rien de grave, inutile de réserver chez un neurologue. Appelons cela des absences numériques. Ainsi ce matin, Facebook m’a ressorti un souvenir en me proposant de le partager avec mon réseau. Le problème est que cette image ne me dit rien. La photo est floue et s’il y avait un sens caché ou quelques subtiles plaisanteries derrière ce post, tout cela m’échappe complètement désormais. Tant pis, ce n’est pas très grave. D’autant que j’ai d’autres souvenirs, bien réels et précis de cette même date, il y a huit ans. Après vérification c’était un vendredi et pour une raison qui m’échappe, je me suis collé devant ma télévision tardivement. Et c’est ainsi que j’ai assisté en direct depuis mon canapé à l’entrée en fonction du 45ème président des États-Unis. Était-ce mon humeur, ma fatigue ou mon désespoir ? J’ai gardé de cette cérémonie une image particulièrement glauque. Du départ du précédent président sous l’œil morne du nouveau à la prestation de serment de ce dernier, tout était sinistre. Pour ne rien arranger, cela se déroulait sous un ciel plombé et devant une foule clairsemée sur l’immense Mall de Washington. Je me souviens – ah vous voyez ! – que j’avais finalement coupé ce spectacle désolant pour retrouver mon lit, passablement déprimé. Moins par la signification politique de ce moment que par cette scène qu’on aurait dit sortie d’un navet de série Z. L’un des rares acteurs de ciné qui avait accepté d’y participer était d’ailleurs John Voight, lequel avait prononcé un discours incompréhensible. Une chose est sûre, quoique je fasse ce soir, quelle que soit l’heure à laquelle j’irai au lit, je ne regarderai pas le désormais 47ème occupant de la Maison Blanche reprendre ses fonctions. Et je remettrai ma vieille montre. Non connectée.