13 janvier 2025
Les plus anciens d’entre vous se souviennent peut-être que le long gel des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Chine a commencé à se réchauffer par l’entremise d’un tournoi de ping-pong qui vit des athlètes américains venir à Pékin pour jouer contre leurs homologues chinois. L’enjeu sportif était nul, l’importance diplomatique très haute. C’était en 1971 et le monde s’en est plutôt mieux porté. Ce court cours d’histoire s’arrête ici, rassurez-vous. Simplement, ces événements me sont revenus en mémoire au lendemain d’un week-end dans ma petite banlieue tranquille au cours duquel la galette des rois a remplacé les raquettes. J’ai déjà dû évoquer ici un différent qui remonte à plusieurs années à propos de l’entretien de la clôture séparant nos terrains respectifs. Des lettres et des mots avaient été échangés, le ton était monté, rien de très grave en réalité, mais une gêne manifeste s’était installée entre nous. Depuis ce regrettable incident, les deux camps restaient sur leurs positions. Certes, nous ne nous menacions pas avec des missiles mais à coups de regards noirs parfaitement significatifs lorsque nous nous croisions. Depuis quelque temps cependant, des signes de détente s’étaient fait jour entre nos deux jardins. L’irruption d’un parasite s’attaquant à nos plantes de chaque côté de la grille de séparation avait provoqué l’ouverture de discussion par-delà la barrière nous séparant. Nous en étions restés cependant à de strictes considérations techniques pour lutter contre l’ennemi commun. Un début de réchauffement confirmé en ce début d’année par l’invitation lancée sur le groupe WhatsApp de l’ensemble des habitants du quartier — canal ouvert par une tierce voisine – à partager une galette des rois. Après réflexion et vérification que nos alliés, car nous en avons, seraient bien présents, nous décidâmes, mon épouse et moi-même d’accepter l’invitation et c’est ainsi que nous nous rendîmes très simplement chez nos voisins. La galette était bonne, je n’ai pas eu la fève, nous avons parlé de tout, nous ne sommes pas tombés dans les bras l’un de l’autre, mon ennemi n’est pas devenu mon meilleur ami, mais les regards se sont adoucis. Et alors ? Et alors je suis un homme de paix, mais pas non plus complètement naïf. Je sais bien qu’une micro-querelle locale n’a pas grand-chose à voir avec les affaires dramatiques qui pèsent sur l’avenir de notre planète. Mais en buvant mon café ce matin le regard perdu à travers la fenêtre, je me suis dit que ce n’est pas forcément très compliqué de mettre ses ressentiments derrière soi. Et que cela simplifie nettement la vie.