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Pas très chou

8 janvier 2025

Savez-vous que je suis un très mauvais jardinier ? Non ? Pourtant les gens qui viennent chez moi peuvent s’en apercevoir même si par politesse, ils n’en montrent rien. Même la pelouse a du mal à pousser, y compris au sortir d’une année exceptionnellement pluvieuse comme celle qui vient de se terminer, selon les mesures de Météo France. Un Attila du jardinage vous dis-je. Et pourtant, tel Marguerite Dumont, cette riche bourgeoise passionnée d’Opéra incarnée au ciné par Catherine Frot et qui se piquait d’interpréter les grands airs alors qu’elle chantait faux comme une casserole, je persiste. Ainsi, alors que j’étais il y a quelques jours chez le fleuriste de ma bonne petite ville, j’avisais de drôles de plantes. Aussi bien leur couleur d’un violet profond que la forme de leurs pétales les rendaient spectaculaires. Au point de les toucher pour m’assurer de leur caractère naturel et bien sûr de demander à l’homme de l’art ce qu’il en était. « Ce sont des choux », me dit-il avant de m’expliquer que leur couleur était parfaitement naturelle même si elle avait été légèrement embellie par le saupoudrage de quelques discrètes paillettes pour s’accorder avec l’esprit de Noël.  « Le problème, s’empressa-t-il d’ajouter, c’est qu’ils puent ». Et de fait, il n’est pas besoin de trop s’approcher pour s’en apercevoir. Cependant, ajoute-t-il devant mon air dépité, on peut les planter directement dans la terre meuble et au bout de quelques mois, non seulement ils survivent, mais ils font des petits. N’écoutant que mon enthousiasme au moins aussi grand que mon incompétence, j’achète ces choux si chou. Et c’est ainsi que, profitant du redoux, j’ai enfoncé, tels de vulgaires bâtons, ces fleurs que l’on dirait venues d’une autre planète. Ce faisant, j’ai mis une fois de plus en application ma devise horticole faite de ces simples mots : « On verra bien ». D’aucuns répliqueront que c’est tout vu étant donné mon passé et je ne peux pas leur donner tort. Car après tout cette philosophie primitive est celle qui dans d’autres domaines autrement importants que le jardinage, permet à des idées nauséabondes de prospérer. Le principal responsable de leur propagation vient comme on le sait, de disparaître. Mais ce qu’il a planté dans certains esprits et transmis à sa descendance ne cesse de pousser. Et d’empester.